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Les taux à long terme se redressent

La transformation de la courbe des rendements en dollars se prête à des interprétations diverses.

Si les rendements à court terme ont légèrement fléchi la semaine passée, les rendements à long terme ont poursuivi leur rebond pour s’établir à proximité de 4,1% pour le T-Note à 10 ans et de 4,4% pour le «Long Bond».
Keystone
Si les rendements à court terme ont légèrement fléchi la semaine passée, les rendements à long terme ont poursuivi leur rebond pour s’établir à proximité de 4,1% pour le T-Note à 10 ans et de 4,4% pour le «Long Bond».
François Christen
One Swiss Bank à Genève
15 octobre 2024, 19h30
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Alors que l’indice S&P 500 continue à établir de nouveaux records, les emprunts en dollars n’ont pas fini de digérer l’étonnante vigueur du marché du travail aux Etats-Unis. Le repli du taux de chômage et le redressement de l’embauche observés en septembre ont invalidé les espoirs de baisse rapide des taux d’intérêt qui prévalaient à fin septembre. Le plan de route esquissé par les membres du comité de politique monétaire (FOMC) de la Réserve fédérale (Fed) semble encore réaliste, mais pas totalement certain.

Le reflux de l’inflation annuelle à 2,4% en septembre ne doit pas occulter la persistance des tensions sous-jacentes qui affectent les prix des services. Hors énergie et alimentation, l’indice des prix à la consommation affiche pour le deuxième mois consécutif une augmentation mensuelle de 0,3%. En glissement annuel, la progression s’est redressée à 3,3%. Bien qu’il soit toujours hasardeux de tirer des grandes conclusions d’une observation mensuelle, ces chiffres apportent un peu de crédit à ceux qui redoutent une deuxième vague d’inflation, à l’instar du scénario qui s’est déroulé durant les années 1970. En amont, les prix à la production affichent une progression contenue en septembre (0,0% mensuel, 1,8% en glissement annuel).

Le procès-verbal de la dernière réunion du FOMC présente un intérêt limité dans la mesure où il n’intègre pas les derniers développements conjoncturels, notamment la baisse du chômage. Le compte-rendu met toutefois en évidence des divergences de vues allant au-delà du vote «dissident» de Michelle Bowman, qui s’était prononcée en faveur d’une baisse de taux de 25 points de base. Le «dot plot» annexé aux dernières projections nous avait déjà appris que de nombreux participants ne prévoyaient plus qu’une ou aucune baisse de taux supplémentaire en 2024. En d’autres termes, la prévision médiane impliquant deux baisses supplémentaires s’appuyait sur une majorité très précaire. Les données à venir, et plus particulièrement les deux prochains rapports de l’emploi, permettront de départager les deux camps.

Si les rendements à court terme ont légèrement fléchi la semaine passée, les rendements à long terme ont poursuivi leur rebond pour s’établir à proximité de 4,1% pour le T-Note à 10 ans et de 4,4% pour le «Long Bond». L’accentuation de la pente de la courbe des rendements se prête à des interprétations diverses. Les optimistes y verront une conséquence de la vigueur d’une économie qui défie tous les pronostics de récession et d’atterrissage. Dans un registre plus pessimiste, on peut penser que cette correction résulte d’une dérive des anticipations d’inflation et des craintes suscitées par le laxisme budgétaire qui a conduit le déficit fédéral à plus de 1800 milliards de dollars, soit près de 7% du PIB, durant l’année fiscale 2024. Cette évolution, qui explique en partie le dynamisme de l’économie américaine, est ignorée par les deux candidats qui estiment, probablement à juste titre, qu’on ne gagne pas une élection en prêchant l’austérité. Les projets de Kamala Harris intègrent toutefois des augmentations des impôts frappant les entreprises et les plus riches, alors que Donald Trump devrait mettre l’accent sur une réduction des dépenses.

Sur les marchés européens, les rendements sont généralement stables. Le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne s’apprête à réduire de 25 points de base ses taux d’intérêt directeurs jeudi. Le taux de dépôt sera ainsi abaissé à 3,25%. Le communiqué et le discours de la présidente de l’institut Christine Lagarde devraient exprimer la volonté de maintenir un cap vers des conditions moins restrictives.

Les rendements en livres sterling et en francs suisses sont aussi stationnaires. En phase avec un marché des actions très confiant, les emprunts d’entreprises affichent des primes de risque de moins en moins attrayantes, au plus bas depuis 2007.

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