• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

En attendant d’y voir plus clair…

A quelques jours de la redoutable échéance du 2 avril, la Fed et les investisseurs s’accordent une pause.

Dans le doute, le président de la Fed Jerome Powell et ses collègues ont fait le choix raisonnable de l’attentisme, alors que Donald Trump a exhorté l'institution à réduire les taux immédiatement pour accompagner la mise en œuvre des «tariffs» le 2 avril.
Keystone
Dans le doute, le président de la Fed Jerome Powell et ses collègues ont fait le choix raisonnable de l’attentisme, alors que Donald Trump a exhorté l'institution à réduire les taux immédiatement pour accompagner la mise en œuvre des «tariffs» le 2 avril.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
25 mars 2025, 18h30
Partager

Les marchés obligataires ont connu une semaine calme qui a vu le rendement du T-Note US évoluer dans une marge étroite aux environs de 4,3%. Sans surprise, la Réserve fédérale (Fed) a maintenu le taux d’intérêt des Fed funds entre 4,25% et 4,5%. La médiane des projections des 19 membres du comité de politique monétaire (FOMC) préfigure toujours un taux directeur abaissé à 3,9% à fin 2025 et à 3,4% en 2026. En d’autres termes, le scénario central des banquiers centraux intègre deux baisses de taux de 25 points de base jusqu’à la fin de l’année et deux baisses supplémentaires l’an prochain. Le FOMC compte toutefois 4 «faucons» qui ne prévoient aucune réduction de taux en 2025.

Les banquiers centraux ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance (de 2,1% à 1,7% pour 2025) et anticipent davantage d’inflation (2,8% à fin 2025, contre 2,5% précédemment). De là à conclure que l’économie américaine s’achemine vers la stagflation, il y a un pas qu’il est hasardeux de franchir. Les projections et les déclarations du président de la Fed Jerome Powell préfigurent une accélération «transitoire» de l’inflation imputable au relèvement des tarifs douaniers. L’adjectif, déjà utilisé en 2021, a évidemment suscité quelques moqueries. L’incertitude ambiante, évoquée dans le communiqué et durant la conférence de presse, tend néanmoins à réduire la portée des projections et des signaux transmis par la Fed.

Dans l’attente des tarifs «réciproques» qui devraient s’appliquer dès le 2 avril, il est impossible de formuler des prévisions robustes. A ce jour, l’ampleur, les modalités et les pays concernés par les tarifs qui frapperont le commerce des biens restent incertains. Des taxes élevées et élargies, donnant lieu à des représailles, pourraient faire des dégâts considérables. Le pire n’est toutefois jamais certain et il est possible que Donald Trump se révèle pragmatique, comme le suggèrent les dernières informations transmises aux médias tels que le Wall Street Journal qui évoquait lundi des exceptions sectorielles (puces, automobiles). Dans le doute, Jerome Powell et ses collègues ont fait le choix raisonnable de l’attentisme, alors que Donald Trump a exhorté la Fed à réduire les taux immédiatement pour accompagner la mise en œuvre des «tariffs» le 2 avril, présenté comme le «jour de libération» pour les Etats-Unis.

En attendant d’y voir plus clair…

En Europe, l’ambitieux plan de relance allemand consacré aux infrastructures et à la défense a été approuvé par les deux chambres parlementaires. Le mécanisme de frein à l’endettement a donc été considérablement assoupli. Attendue, cette approbation formelle n’a pas eu d’effets tangibles sur les rendements en euros après la violente correction provoquée par les annonces du futur Chancelier Merz au début du mois.

Du côté de la Banque centrale européenne (BCE), les déclarations de plusieurs membres du conseil des gouverneurs laissent entrevoir la possibilité d’une baisse accrue des taux monétaires avant l’été.

En Suisse, la Banque nationale (BNS) a réduit son taux directeur d’un quart de pourcent à 0,25%. Le ton neutre du communiqué, les prévisions d’inflation de la BNS et la dépréciation du franc face à l’euro suggèrent que la banque centrale pourrait s’arrêter là. La BNS n’a émis aucun signal préfigurant le retour des taux négatifs. En phase avec le marché des capitaux en euro, la pente de la structure des taux d’intérêt en francs suisses s’est légèrement accentuée à la faveur d’une baisse des rendements à court et moyen terme.

Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a maintenu son taux directeur à 4,5%. La persistance de l’inflation salariale, proche de 6% sur un marché du travail qui reste très tendu, contraint la banque centrale britannique à se montrer prudente. Orientés à la hausse, les rendements en livres sterling s’établissent à des niveaux assez attrayants dans l’attente du «Spring Statement» de Rachel Reeves.