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Une naturalisation facilitée hautement nécessaire

L’initiative Action quatre quarts mérite d’être soutenue. Le gouvernement a tort de s’y opposer.

«La Suisse aurait tout avantage à naturaliser le plus d’étrangers et avec le moins de retard possible. L’immigration n’est pas un risque mais une chance.»
KEYSTONE
«La Suisse aurait tout avantage à naturaliser le plus d’étrangers et avec le moins de retard possible. L’immigration n’est pas un risque mais une chance.»
Jacques Neirynck
Ancien conseiller national
24 février 2025, 15h00
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Le Conseil fédéral ne veut pas d’une naturalisation facilitée. L’initiative, déposée par l’Action quatre quarts, demande que la naturalisation soit possible après cinq ans.

En réalité, le délai de dix ans, que l’on peut apprécier comme raisonnable, est de fait dépassé dans les grandes largeurs. Selon l’expérience personnelle de l’auteur, elle a pris pour lui de fait 24 ans, comportant deux refus. Or il constituait un bon candidat: francophone, fonctionnaire fédéral à l’EPFL, sans antécédents judiciaires, contribuable consciencieux.

C’est qu’il faut à la fois convaincre aux trois niveaux des institutions et que le stade communal est variable selon le lieu, gouverné par une commission de composition très aléatoire. Elle peut ainsi décider qu’un candidat n’est pas acceptable parce qu’il ne s’intéresse pas aux sports, alors que c’est le passe-temps favori des membres de la commission, qui n’imaginent même pas que l’on ne puisse pas s’y intéresser.

De même l’interrogatoire sur l’histoire, la géographie et les institutions peut mal tourner parce que certaines commissions l’imaginent à l’instar d’un examen de catéchisme où la réponse doit être absolument conforme. Ainsi lorsqu’un membre de la commission demande la date de l’acte de médiatisation de Napoléon Bonaparte, la réponse 1801 est jugée fausse puisqu’elle aurait dû être 1802. Cela suffit pour échouer.

Le corps électoral représente 37,5% de la population et la majorité qui emporte la décision est de fait à 14%

Jacques Neirynck

Cette politique dilatoire explique pourquoi 25% de la population suisse ne dispose pas de la nationalité. Ce qui signifie concrètement que lors d’une consultation populaire où la moitié des électeurs ne votent pas, le corps électoral représente 37,5% de la population et que la majorité qui emporte la décision puisse être de fait à 14%.

La démocratie directe constitue un des piliers de l’art politique suisse. Elle mérite donc d’être exercée de façon objective et réaliste. Or le plus important parti sur l’échiquier politique est actuellement l’UDC qui représente 30% d’un corps électoral restreint. Si la politique de naturalisation était plus ouverte, le corps électoral comporterait de nombreux étrangers naturalisés qui n’ont aucune attirance pour le chauvinisme.

Même si on l’ignore, la Suisse est un pays d’immigration, peut-être la plus élevée car le Canada, champion des pays du G7, ne compte que 23% d’immigrants. Il y a donc dans la méfiance de l’étranger, dont vient de témoigner le Conseil fédéral, une ignorance des conditions réelles.

La Suisse aurait tout avantage à naturaliser le plus d’étrangers et avec le moins de retard possible. L’immigration n’est pas un risque mais une chance. A la fois de recruter des travailleurs hautement spécialisés pour une économie de pointe et une fraction peu spécialisés pour occuper les emplois que les Suisses n’ambitionnent guère dans la restauration ou les chantiers.