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Investissement durable: pas d’impact sans pragmatisme

L’investissement durable doit s’appuyer sur une gouvernance solide, un engagement actif et des actions concrètes pour conjuguer impact réel et performance financière.

«La détention directe d’immeubles offre à l’investisseur un levier d’action concrète et immédiate.»
KEYSTONE
«La détention directe d’immeubles offre à l’investisseur un levier d’action concrète et immédiate.»
Luc Oesch
Centre patronal - Membre de la direction
08 mai 2025, 19h00
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Devenue incontournable dans les stratégies d’investissement, la durabilité n’échappe pourtant pas à un phénomène de backlash grandissant – un sujet largement débattu lors du premier forum des investisseurs institutionnels cette semaine. Le projet européen Omnibus de simplification réglementaire représente à cet égard une initiative bienvenue. En recentrant les exigences sur des critères réellement pertinents, il permet de renforcer l’impact des démarches ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) tout en allégeant les charges administratives pour les investisseurs.

La gouvernance reste le socle de toute démarche d’investissement durable. Une entreprise bien gouvernée – avec des processus clairs, une transparence réelle des décisions et un conseil d’administration diversifié – est bien mieux armée pour affronter les enjeux sociaux et environnementaux.

Une stratégie d’investissement durable ne peut être crédible ni efficace si elle repose sur une logique d’exclusion systématique, historiquement inefficace et limitant de manière drastique le champ des possibles. Dans chaque secteur, y compris les plus sensibles, il existe des acteurs qui s’engagent sincèrement et avec une efficacité remarquable dans la transition. Par exemple, de nombreuses sociétés industrielles «brunes» réduisent leur empreinte carbone plus rapidement que des entreprises perçues comme «vertes» mais passives.

Le second pilier, c’est la détention directe de titres, un choix stratégique qui donne du poids à nos convictions. En tant qu’actionnaires, nous pouvons faire entendre notre voix: voter, proposer des résolutions, soutenir des démarches responsables ou demander des informations sur des sujets sensibles. Dans les grandes entreprises cotées, l’engagement actionnarial n’est pas un symbole, c’est un levier efficace pour impulser le changement.

L’investissement durable ne doit surtout pas se transformer en exercice bureaucratique

Luc Oesch

Troisième pilier, privilégier la qualité du reporting extra-financier plutôt que son épaisseur. Empiler les pages ou cocher des cases ne suffit pas. Un reporting solide expose une stratégie claire, des indicateurs pertinents et des objectifs mesurables dans le temps.

La détention directe d’immeubles offre à l’investisseur un levier d’action concrète et immédiate. Sur le plan environnemental, les projets de construction ou de rénovation doivent viser l’abandon total des énergies fossiles, au profit de solutions durables comme les pompes à chaleur, les panneaux solaires ou les réseaux de chauffage à distance neutres en carbone. Grâce aux capteurs intelligents, le suivi énergétique des immeubles en temps réel permet d’optimiser la consommation d’électricité, de chaleur ou d’eau.

Sur le plan social et dans le cadre des chantiers de constructions ou rénovations, collaborer avec des entreprises locales signataires des conventions collectives de travail (CCT) et évitant la sous-traitance garantit des conditions d’emploi équitables et favorise l’ancrage régional.

L’investissement durable ne doit surtout pas se transformer en exercice bureaucratique, vide de sens. En adoptant une approche pragmatique, structurée autour de piliers solides et traduite en actions concrètes, les investisseurs peuvent – et doivent – conjuguer performance financière et responsabilité sociétale. C’est ainsi que l’impact devient réel, mesurable et durable.

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