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Suisse-UE: Genève aussi a besoin d’un nouvel horizon

Les discussions ont repris entre Berne et Bruxelles. Il est essentiel qu’elles aboutissent. Par Karine Curti

«Avec son économie tournée vers l’exportation et son statut de centre international, Genève est dépendant du maintien des bonnes relations entre la Confédération et l’UE.»
KEYSTONE
«Avec son économie tournée vers l’exportation et son statut de centre international, Genève est dépendant du maintien des bonnes relations entre la Confédération et l’UE.»
Karine Curti
Fondation pour l’attractivité du canton de Genève (Flag) - Directrice
17 juillet 2024, 15h31
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Il y a 25 ans, la Suisse signait les Bilatérales I avec l’Union européenne (UE), amorçant une période de prospérité économique sans précédent. Depuis, la création de valeur par habitant a connu une croissance significative, les salaires réels ont enregistré une progression plus rapide que dans les années 1990, et le chômage est resté remarquablement bas, malgré les nombreuses crises mondiales. Ces accords bilatéraux ont offert à la Suisse des avantages considérables: certification des produits, reconnaissance de diplômes ou libre circulation des personnes, pour ne citer que quelques exemples.

Cependant, en mai 2021, le Conseil fédéral a pris la décision de rejeter l’accord-cadre proposé par l’UE. Une décision aux répercussions notables menaçant sérieusement l’innovation, atout principal du pays. Bien que des négociations aient repris en mars de cette année, et que des progrès significatifs soient en cours de réalisation, il demeure essentiel de maintenir l’élan de ces discussions.

En effet, avec son économie tournée vers l’exportation et son statut de centre international, Genève est dépendant du maintien des bonnes relations entre la Confédération et l’UE afin de permettre à ses entreprises de continuer à bénéficier d’un accès au marché européen.

Il convient d’être vigilant face à des initiatives qui pourraient restreindre notre capacité à recruter des talents, fragilisant la culture d’ouverture qui a fait notre succès.

Karine Curti

Par ailleurs, face à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, maintenir une économie ouverte est vital. Genève, avec ses 405.000 emplois pour une population active de 237.000 personnes, bénéficie d’un ratio de 1,7 emploi par résident actif. Sa prospérité dépend donc en grande partie de la diversité de sa main-d’œuvre, comprenant de nombreux pendulaires, dont plus de 110.000 frontaliers. Avec plus de 110 km de frontière avec la France pour 4 km avec le canton de Vaud, des échanges transfrontaliers fluides et facilités sont ainsi essentiels au dynamisme économique du canton.

Pour que la Suisse continue de prospérer en tant que nation exportatrice, il est crucial de maintenir et de développer les relations bilatérales avec l’UE. Il convient par conséquent d’être vigilant face à des initiatives qui pourraient notamment restreindre notre capacité à recruter des talents, fragilisant la culture d’ouverture qui a fait notre succès.

L’initiative «pour la durabilité», visant à limiter la population suisse à 10 millions d’habitants d’ici 2050 et, cas échéant, à résilier les sept accords bilatéraux I, en est un exemple. C’est en poursuivant une politique d’ouverture et une collaboration étroite avec l’Europe, que Genève pourra consolider sa position de hub économique mondial et garantir un avenir prospère et innovant à sa population.