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Relancer l’innovation à Genève est un impératif

Entre 2011 et 2021, la productivité de l’économie genevoise n’a progressé que de 2,4%, contre 4,9% à Zurich et 9,2% à Zoug. Par Karine Curti

«Le nouveau Conseil d’Etat genevois a lancé plusieurs projets prometteurs pour renforcer le secteur de l’innovation. Le Campus biotech, souvent décrit comme une »pépite inexploitée«, se trouve au cœur de ces initiatives.»
KEYSTONE
«Le nouveau Conseil d’Etat genevois a lancé plusieurs projets prometteurs pour renforcer le secteur de l’innovation. Le Campus biotech, souvent décrit comme une »pépite inexploitée«, se trouve au cœur de ces initiatives.»
Karine Curti
Fondation pour l’attractivité du canton de Genève (Flag) - Directrice
20 juin 2024, 15h00
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L’innovation ne se décrète pas et ne suit pas un chemin tout tracé. Pour qu’elle émerge, il faut un écosystème complexe et favorable composé notamment d’infrastructures modernes, d’un marché du travail ouvert, d’un système fiscal attractif et de facilitations administratives. Les interactions entre les différents acteurs et la diversité des idées sont également essentielles pour libérer le potentiel innovant. Souvent représentée par l’image de la fusée qui décolle, l’innovation a ainsi besoin d’être soutenue à chaque étape de son développement pour atteindre sa cible. Or, à Genève, elle tarde à décoller.

Contrairement à d’autres cantons, notre dynamisme économique n’est pas spécifiquement porté par l’innovation. Entre 2011 et 2021, la productivité de l’économie genevoise n’a progressé que de 2,4%, contre 4,9% à Zurich et 9,2% à Zoug. Cette modeste augmentation s’explique en partie par une représentation insuffisante des secteurs innovants, qui ne comptent que pour 21,6% des emplois, malgré un réservoir de talents remarquable: plus de la moitié de nos résidents détiennent un diplôme de l’enseignement supérieur. En outre, notre capacité à déposer des brevets et à générer de nouvelles start-up financées reste limitée. Entre 2015 et 2023, seules 149 d’entre elles ont vu le jour à Genève, un chiffre bien inférieur à ceux de Zurich, Vaud, et Zoug.

Comme en matière de productivité, Genève peine à rivaliser avec des cantons comme Zoug ou Vaud dans sa capacité d’attirer les investisseurs.

Karine Curti

L’un des facteurs expliquant cette différence en termes de création de start-up et d’innovation est le manque de financement, élément pourtant vital de l’innovation. En effet, sans un apport financier suffisant, il est difficile de soutenir la recherche; et sans recherche, il n’y a pas de progrès, ni de découvertes significatives. Comme en matière de productivité, Genève peine à rivaliser avec des cantons comme Zoug ou Vaud dans sa capacité d’attirer les investisseurs. Entre 2015 et 2023, les start-up genevoises n’ont levé, en moyenne, que 133 millions de francs, soit bien moins que les 796 millions à Zurich, 407 millions dans le canton de Vaud, 197 millions à Zoug et 196 millions à Bâle-Ville.

Cet état des lieux pourrait enfin évoluer positivement, puisque le nouveau Conseil d’Etat genevois a lancé plusieurs projets prometteurs pour renforcer le secteur de l’innovation. Le Campus biotech, souvent décrit comme une «pépite inexploitée», se trouve au cœur de ces initiatives. Dans cette même dynamique, le Département de l’économie et de l’emploi (DEE) a également organisé les Rencontres de l’innovation, un événement conçu pour rassembler divers acteurs clés afin d’évaluer et de stimuler l’innovation dans la région.

L’enthousiasme est palpable et l’importance de ces initiatives pour le développement économique et technologique de Genève témoigne d’un engagement fort envers l’innovation. Des défis subsistent cependant, tels que la complexité administrative, les obstacles au financement et une fiscalité souvent rigide qui figurent parmi les principales préoccupations. Alors que les deux premiers problèmes demanderont du temps et des efforts soutenus pour être résolus, le troisième point pourrait se concrétiser plus rapidement.

En septembre, les Genevoises et les Genevois auront l’occasion de voter sur une réforme importante concernant l’imposition de l’outil de travail. Cette réforme est essentielle pour que Genève harmonise ses pratiques fiscales relatives à l’imposition de l’outil de travail avec celles des autres cantons. Il s’agit de faire un pas décisif en faveur de l’innovation à Genève et, plus généralement, en faveur de l’entrepreneuriat.