En 2022, 300 entreprises ont décidé de quitter Genève et de transférer leur siège social vers d’autres cantons. Ce chiffre interpelle et incite à la réflexion.
Une partie de l’explication réside sans doute dans notre cadre fiscal, en particulier au niveau de la taxation de l’outil de travail qui frappe durement les entrepreneures et entrepreneurs de notre canton.
Le Conseil d’Etat en a d’ailleurs pris la mesure, puisqu’il a soumis au Grand Conseil un projet de loi visant à alléger ce système de taxation afin de l’harmoniser avec le reste des cantons. Ces derniers ont en effet presque tous prévu des abattements et appliquent des taux d’imposition sur la fortune moins élevés qu’à Genève qui détient le taux d’imposition maximal sur la fortune le plus haut de Suisse.
Cet allègement, bénéficiant à 4200 entrepreneurs, s’attaque ainsi directement à cette problématique et vise à injecter dynamisme et liquidités dans nos entreprises, nécessaires pour encourager l’innovation, créer de l’emploi, mais également pour investir dans la transition énergétique à l’aune des objectifs fixés pour 2050. Il apporterait également un coup de pouce bienvenu au développement essentiel de start-up sur notre territoire.
A l’heure où d’autres baissent leur imposition pour attirer entreprises, entrepreneurs et emplois, Genève se retrouve une nouvelle fois contraint d’attendre une votation à l’issue incertaine
Karine Curti
Adoptée fin janvier par le Grand Conseil, cette réforme marquait donc la fin d’une singularité genevoise pénalisante pour les entrepreneurs. L’enthousiasme initial s’est cependant heurté, une nouvelle fois, au mécanisme du référendum! Cet outil démocratique, fondamental dans notre système politique, soulève parfois des questions quant à son influence sur la capacité du canton à améliorer ses conditions cadre et à progresser dans des secteurs clés. Ainsi, à l’heure où d’autres baissent leur imposition pour attirer entreprises, entrepreneurs et emplois, Genève se retrouve une nouvelle fois contraint d’attendre une votation à l’issue incertaine.
Cette réforme, appelée des vœux de nos autorités et de nos entrepreneures et entrepreneurs, aurait pourtant un impact direct sur le dynamisme et l’attractivité de Genève et représenterait un choix stratégique pour notre avenir économique. Qui plus est, la perte fiscale estimée à 30 millions de francs serait aisément compensée par l’augmentation des recettes, un scénario déjà observé lors de précédentes réductions d’impôts. Avec des comptes très probablement bénéficiaires pour 2023, il est plus que temps de réduire la charge fiscale pesant sur celles et ceux qui génèrent de l’emploi, renforçant ainsi l’attractivité de Genève.