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L’urgence climatique: une COP à Genève?

LA CHRONIQUE DU CLUB DIPLOMATIQUE DE GENÈVE. La Suisse pourrait saisir sa chance. Elle ne manque pas d’atouts. Par Michel Jarraud

«La gouvernance multilatérale, dont Genève est un élément incontournable, continue de jouer un rôle essentiel, mais une approche novatrice est nécessaire.» (l'OMM à Genève en photo)
KEYSTONE
«La gouvernance multilatérale, dont Genève est un élément incontournable, continue de jouer un rôle essentiel, mais une approche novatrice est nécessaire.» (l'OMM à Genève en photo)
Michel Jarraud
Organisation météorologique mondiale - Secrétaire général émérite
29 mai 2024, 15h00
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L’Organisation météorologique mondiale (OMM) dans son dernier rapport sur l’état du climat dresse un constat préoccupant. Les concentrations de gaz à effet de serre continuent de battre des records. Les neuf dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. La limite de 1,5°C est sur le point d’être dépassée. L’élévation du niveau de la mer s’accélère. Les glaciers suisses ont perdu près de 10% de leur volume résiduel lors des deux dernières années.

Le processus multilatéral progresse, mais trop lentement. Les conférences des parties (COP) successives n’ont pas abouti à des actions à la hauteur des défis, malgré des avancées comme la nécessité d’une sortie progressive des énergies fossiles ou l’adoption du fond «pertes et préjudices». Mais le niveau d’ambition n’est pas suffisant pour limiter le réchauffement global à 2°.

Tout cela dans un contexte marqué par des crises multiples qui interagissent les unes avec les autres. En raison de l’urgence, les décisions prises le sont souvent au détriment de la lutte contre les changements climatiques. La gouvernance multilatérale, dont Genève est un élément incontournable, continue de jouer un rôle essentiel, mais une approche novatrice est nécessaire. Genève occupe une position toute particulière, avec les sièges de plusieurs organisations majeures du système des Nations unies et de multiples entreprises multinationales, tandis que ses institutions universitaires intègrent depuis longtemps la dimension globale.

Afin d’accroître le rôle et la visibilité de Genève sur la question essentielle de la lutte contre les changements climatiques, je souhaite mettre l’accent sur une recommandation particulière. Même si cette hypothèse a été récemment rejetée au niveau fédéral, il me semble qu’une COP de la CCNUCC (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) à Genève permettrait de relancer la dynamique dans ce domaine en utilisant les atouts uniques de Genève.

La Suisse pourrait offrir d’héberger une COP dans un format innovant, utilisant au mieux les possibilités offertes par les nouveaux outils hybrides de réunion.

Michel Jarraud

Cette hypothèse aurait été jusqu’à récemment peu envisageable, en raison, entre autres, de la capacité hôtelière de la région et des coûts associés. Par ailleurs, même s’il est tentant de mesurer le succès de telles COP à un nombre record de participants, l’inverse est sans doute vrai. Une participation la plus inclusive possible lors de la préparation est certes souhaitable, mais pas forcément lors des phases de négociations. Le processus de décision, déjà loin d’être optimal, est affaibli par le format actuel. Une réflexion sur le mode de gouvernance est urgente et nécessaire. Compte tenu de la présence diplomatique de la quasi-totalité des pays membres de la CCNUCC, ainsi que d’un nombre sans équivalent d’acteurs clés, Genève est sans doute le meilleur endroit pour développer cette réflexion.

Dans cet esprit, la Suisse pourrait offrir d’héberger une COP à Genève dans un format innovant, utilisant au mieux les possibilités offertes par les nouveaux outils hybrides de réunion. Cela réduirait en outre de manière significative l’empreinte carbone de telles réunions.

Genève a toujours été un lieu de confrontations d’idées, de création de convergence et de consensus, dans les domaines les plus variés et les plus sensibles. La lutte contre les changements climatiques est un enjeu essentiel pour l’avenir de l’humanité. Genève et la Suisse ont une responsabilité et des atouts tout particuliers pour y contribuer.