• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

La COP28 entre renoncement et realpolitik

De retour de Dubaï, Olivier Ferrari tire le bilan de la Conférence des parties. Par Olivier Ferrari

Le président de la COP28, Sultan Al-Jaber. Renoncer aux énergies fossiles demande-t-il de renoncer à un développement économique?
KEYSTONE
Le président de la COP28, Sultan Al-Jaber. Renoncer aux énergies fossiles demande-t-il de renoncer à un développement économique?
14 décembre 2023, 15h16
Partager

Cette 28e Conférence des parties (COP) a eu plus de 100.000 accréditations accordées aux délégués, représentants d’ONG, lobbys et multiples dirigeants d’entreprise qui y ont tenu des conférences et rendez-vous d’affaires. Des solutions novatrices ont été présentées. Une quarantaine de pays ont pris un pavillon pour promouvoir leur vision. France, Italie, Espagne, Norvège pour ne citer que ceux-ci pour l’Europe, mais pas de Suisse. Les COP, depuis celle de Paris, sont devenues un hub mondial de négociation pour assurer une croissance économique durable.

Revenir à une économie réelle est le chemin pour répondre aux objectifs posés par cette 28e COP. Un pragmatisme qui conduira à des développements créateurs de valeurs sociétales, économiques et financières. Mais au-delà du discours de la renonciation aux combustibles fossiles et d’atteindre un objectif zéro émission d’ici à 2050, conformément aux données scientifiques, quel demeure l’espace de réalisation.

Renoncer au développement économique

Renoncer aux énergies fossiles demande-t-il de renoncer à un développement économique? Entre l’intention et la réalité, quel est le gap de réalisation et, si cette réalisation est possible, est-ce que le délai de 2050 est raisonnable? Si l’on considère que les écosystèmes terrestres (tels que les forêts, les prairies et les sols) absorbent environ 30% des émissions mondiales de CO2 et que les océans en absorbent environ le 20%, il faudrait une réduction moyenne annuelle de 9% dès maintenant!

L’inertie du développement économique en cours est une contrainte structurelle. Le renforcement des nouvelles technologies est un chemin à considérer, de même que la réduction de la consommation des nouveaux moyens mis à disposition de l’économie, respectivement du consommateur. Toutefois, nous pouvons relever que dès que nous trouvons un moyen de produire un bien ayant un recours à des quantités réduites d’énergie ou de matière premières, ce bien se démocratise et sa demande augmente. Nous nous retrouvons avec une hausse de consommation, conséquemment à l’attractivité de la nouvelle technologie. Un effet de rebond plus connu sous le paradoxe de Jevons.

Des mobilisations financières au-delà du carbone

Cette COP28 a mobilisé plus de 83 milliards de dollars de financement pour des compensations dont des pertes et dommages (792 millions), un fonds vert pour le climat (3,5 milliards), financement de la lutte contre le changement climatique (30 milliards), la nature (2,6 milliards), aide d’urgence, redressement et paix (1,2 milliard), l’alimentation (3,1 milliards), la nature, santé, genre, technologie, cuisine propre, refroidissement, fonds d’adaptation, etc.

Ces affectations renforcent un point de bascule de cette COP28 qui a accru sa mission en devenant universelle sur l’ensemble des complexités du développement de l’humanité. Néanmoins, il est quelques chiffres que l’on peut ignorer. Sur le tableau représenté, trois valeurs qui soulignent une certaine réalité.

Parler durabilité, c’est parler finance durable. Le PIB mondial a atteint des records sans précédent et il est totalement lié la croissance démographique. Le secteur de l’armement représente plus de 2% de ce PIB et les belles annonces de mobilisations financières de cette COP moins de 0,083%. Dans ce contexte le renoncement risque de se confronter à la realpolitik.

Restons positifs et gageons que le mouvement des intentions devient une réalité appliquée.