Dans quelques jours s’ouvrira à Moutier le Salon interjurassien de la formation professionnelle. Plus de 200 métiers y seront présentés aux jeunes en position de choisir une voie pour leur avenir.
Ce Salon s’inscrit dans le contexte particulier de pénurie de main-d’œuvre quasi généralisée. Dans le Jura, les entreprises rivalisent d’imagination pour attirer l’attention des jeunes: publicités géantes sur les cars postaux et aux matches du HC Ajoie, présence accrue sur les réseaux sociaux, participation à des speed datings, accueil de classes d’écoles… Et malgré tous ces efforts, certaines d’entre elles se retrouvent actuellement avec plus de vingt postes ouverts.
Cela fait des années que l’on s’inquiète du départ en retraite des grandes cohortes du baby-boom, qui ne seront que partiellement remplacées par les jeunes générations, moins nombreuses. Eh bien! nous y sommes. Dans le Jura, ce déséquilibre démographique est encore aggravé par plusieurs facteurs. D’abord, et il faut s’en réjouir, les entreprises continuent à créer de nouveaux emplois, plus de 3000 entre 2016 et 2021, selon les statistiques jurassiennes.
Malheureusement, la région connaît une dynamique démographique moins forte qu’en moyenne suisse, avec, en 2022, seulement… 67 habitants supplémentaires! Et puis certains jeunes Jurassiens qui se forment à l’extérieur du canton ne reviennent plus dans la région, ce qui est le lot des cantons non universitaires. En résumé: plus d’emplois, peu de nouveaux habitants, une partie des jeunes qui partent… et l’équation va devenir compliquée à résoudre.
Pour l’instant, les entreprises trouvent leur salut de l’autre côté de la frontière
Pierre-Alain Berret
Pour l’instant, les entreprises trouvent leur salut de l’autre côté de la frontière. Le nombre de frontaliers a, depuis trois ans, augmenté de 1000 personnes chaque année. Un quart de la main-d’œuvre dans le Jura est aujourd’hui frontalière et peu d’établissements survivraient sans cet apport. Mais cela ne peut pas être la seule réponse aux défis actuels.
Plusieurs autres pistes sont souvent évoquées. Parmi celles-ci, permettre aux personnes de plus de 65 ans qui le souhaitent de poursuivre leur activité professionnelle; développer des structures scolaires à horaires continus pour favoriser l’emploi des deux conjoints; mettre en place une imposition plus juste pour les couples avec un revenu d’appoint; mieux orienter les jeunes vers les métiers actuellement en tension; favoriser les formations qui donnent accès à des emplois dans la région; enfin, recourir de manière accrue à l’automatisation de certaines tâches qui permettra aussi de pallier le manque de personnel dans de nombreux secteurs, parfois de manière surprenante comme ce restaurant jurassien qui utilise un robot pour assister son personnel de service.
Les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, toutes ces pistes devront être explorées avec attention si l’on veut éviter que nos entreprises, très dynamiques et créatrices d’emplois, ne se retrouvent à chercher désespérément les talents dont elles ont besoin.