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La COP28 face à une mission impossible?

Olivier Ferrari est à Dubaï où il participe à la Conférence des parties. Voici sa deuxième chronique pour «L’Agefi».

«Cette COP28 affirme, à sa manière, que nous sommes face à une utopie qui se heurte au mur de la réalité des données connues.»
KEYSTONE
«Cette COP28 affirme, à sa manière, que nous sommes face à une utopie qui se heurte au mur de la réalité des données connues.»
Olivier Ferrari
Fondateur - Coninco
08 décembre 2023, 7h10
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Cette COP28 ne ressemble en rien à ses précédentes. Elle affirme, en le disant à sa manière, que nous sommes face à une utopie qui se heurte au mur de la réalité des données connues. Les chiffres résistent au poids des idées, lorsque celles-ci ne peuvent démontrer le contraire. On ne peut rien contre les chiffres, si ce n’est que de les considérer.

Les énergies fossiles ne sont pas près d’être remplacées… au niveau mondial!

La consommation mondiale d’énergie primaire était de 167.788 TWh en 2022. L’Asie contribue aux trois quarts de cette consommation. Les énergies fossiles dominent largement le mix énergétique primaire mondial. En 2022, la production mondiale d’énergie d’hydroélectricité, nucléaire, éolien, solaire, bioénergie et autres renouvelables ont représenté en tout 9216 TWh ou le 32% de la production d’électricité. Cette même électricité n’est que le 17% de la consommation d’énergie totale. Ce qui est représenté par le dernier ensemble du tableau suivant.

La COP28 face à une mission impossible?

La croissance de la consommation énergétique des dix dernières années a été de près de 18.500 TWh (2013-2023). Par déduction, le triplement au minimum de la production des énergies renouvelables, appelé des vœux du président de la COP28, devrait permettre au minimum de couvrir les besoins de production d’électricité de 2023. Quid de la croissance économique de ces prochaines années.

Croissance du PIB, moteur de la croissance des énergies

Comme il ressort du graphique de référence ci-après, la croissance du PIB a un impact direct sur les émissions de carbone, ainsi que la consommation mondiale d’énergies. Ces derniers éléments sont directement corrélés à la croissance de la population.

Transformer la consommation d’énergies fossiles demanderait une production non soutenable de toutes les énergies «propres» et ceci sur la base des acquis en 2022. La population mondiale projetée en 2030 se réfère à 8,5 milliards d’habitants et 10 milliards en 2050. Ces croissances induisent un impact avéré des besoins énergétiques. Ceci est sans compter sur l’impact de l’Objectif de développement durable (ODD) numéro un qui vise à éradiquer la pauvreté en 2030. Cette pauvreté est représentée par un peu plus de 1 milliard de personnes vivant dans les bidonvilles (850 millions en 2000). Celles-ci faisant partie de 3,6 milliards d’humains (2019) vivant avec moins de 6,85 dollars par jour!

La COP28 face à une mission impossible?

Un monde sans fin!

Les énergies fossiles que l’Occident, avec l’ensemble des pays dits développés, vont remplacer par des énergies renouvelables seront consommées par les pays émergents, pour qu’ils puissent accéder rapidement à un bien-être recherché. L’exploration de nouvelles ressources de matières fossiles se limite aux besoins nécessaires pour couvrir la croissance. Elle reste permanente.

Sommes-nous dans un monde sans fin? Non pas forcément, mais peut-être que l’objectif d’une Conférence des parties (COP) ne devrait pas s’arrêter à un objectif de réduction des émissions de carbone en 2030 par des énergies renouvelables, mais passer par une redéfinition de notre relation à l’utilisation des biens et de la transformation d’un modèle économique aux stocks finis. Il existe des portes de sortie, s’il est osé de redéfinir une vision de transformation de modèle! La mission pourrait alors être possible.

En quatre décennies, la Chine a sorti 800 millions de personnes de l’extrême pauvreté et est devenue le fournisseur mondial de biens de toutes natures. Ceci sans compter avec les impacts sur les réserves de matières premières et les conséquences environnementales que nous connaissons. Quel sera l’impact d’un même mouvement si l’objectif d’éradication de la pauvreté est appliqué à l’ensemble de la planète? Quid d’une Afrique dont plusieurs sources d’estimations donnent une population de 4 milliards d’habitants en 2100, soit la population de l’Asie actuellement!