C’est une question que beaucoup se posent, mais à laquelle il est difficile de répondre. Doit-on prolonger sa vie professionnelle ou au contraire envisager une retraite anticipée? Trouver le moment idéal pour partir n’est jamais simple. Joe Biden, par exemple, a longtemps hésité avant de déclarer qu’il ne se représenterait pas à l’élection présidentielle américaine. Certains analystes estiment que s’il avait pris cette décision plus tôt, le Parti démocrate aurait eu davantage de temps pour se réorganiser. Cette réflexion s’étend bien au-delà du monde politique.
En Suisse, où l’âge légal de la retraite est fixé à 65 ans, près d’un quart des retraités choisit de continuer à travailler après cet âge, selon une étude de Swiss Life. Toutefois, contrairement à une idée reçue, la motivation principale ne serait pas financière. En réalité, beaucoup veulent maintenir une activité pour rester mentalement et physiquement actifs, trouver un sens à leur quotidien, ou encore éviter l’isolement.
Malgré cette envie de prolonger leur carrière, le marché du travail suisse reste paradoxalement peu accueillant envers les travailleurs de plus de 55 ans. La réticence des employeurs à embaucher des professionnels expérimentés s’explique par la crainte de coûts plus élevés (par exemple).
En revanche, lorsqu’il s’agit des conseils d’administration des grandes entreprises, l’âge avancé de certains membres peut poser question. Nombre d’entre eux sont composés de personnes de 75, voire 80 ans. Si ces dirigeants chevronnés apportent une expérience inestimable, il est légitime de se demander jusqu’à quel point ils peuvent encore s’adapter à un environnement économique en perpétuel changement. Un renouvellement à ces niveaux pourrait offrir des perspectives nouvelles et plus en phase avec les réalités contemporaines.
Il devient parfois crucial de passer le relais pour permettre à la génération montante d’insuffler une énergie nouvelle, d’introduire des idées fraîches et d’apporter des perspectives différentes
Nathalie Brodard
Les leaders d’expérience sont souvent confrontés à un dilemme. Leur carrière, forgée au fil des années, représente bien plus qu’un simple travail; elle incarne un investissement personnel. Pourtant, il devient parfois crucial de passer le relais pour permettre à la génération montante d’insuffler une énergie nouvelle, d’introduire des idées fraîches et d’apporter des perspectives différentes.
La décision de poursuivre ou d’interrompre sa carrière est avant tout personnelle. «Suis-je encore capable d’apporter une réelle valeur ajoutée à mon organisation?» L’exemple d’Olivier Gaudin, fondateur de Sonar, une société genevoise qui nettoie les codes informatiques, est à ce titre inspirant. A 50 ans, il s’est dit que sa «plus-value» n’était plus dans la direction opérationnelle de son groupe en forte croissance. Il en deviendra le président, confiant dans les capacités du co-CEO, devenu CEO, qu’il a recruté.
Il est vrai qu’un taux de rotation élevé n’est pas toujours un bon signe pour une entreprise. Mais, à l’inverse, une organisation figée dans laquelle les départs sont rares ne peut pas non plus s’épanouir pleinement. Trouver un équilibre entre continuité et renouvellement est essentiel, et cela à tous les niveaux.
En somme, quitter son poste, que ce soit dans le monde politique, des affaires ou ailleurs, peut contribuer à renforcer les organisations en créant de la place pour de nouvelles voix et de nouvelles idées.