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La BNS soutient le «miracle économique helvétique»

La Confédération doit son succès économique actuel à son ingéniosité, sa stabilité et sa neutralité, mais aussi à la sagesse de sa banque centrale. Par Luc Oesch

A quelques exceptions près, la BNS est parvenue à maintenir le renchérissement en dessous de la barre des 2%.
KEYSTONE
A quelques exceptions près, la BNS est parvenue à maintenir le renchérissement en dessous de la barre des 2%.
Luc Oesch
Centre patronal - Membre de la direction
25 avril 2024, 19h00
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On a parfois tendance à l’oublier, mais il y a un siècle seulement, la Suisse n’était pas le symbole de prospérité qu’elle représente aujourd’hui. Issue d’un contexte économiquement modeste, avec une géographie dominée par des montagnes peu propices à l’agriculture extensive et dépourvue de ressources naturelles significatives, notre pays a dû faire preuve d’une ingéniosité remarquable pour modeler son actuel succès économique.

Ce «miracle helvétique» s’explique notamment par une stratégie axée sur l’éducation de haute qualité. Cette dernière a généré à son tour des innovations multiples et remarquables plaçant ainsi la Suisse dans le peloton de tête des différents classements de l’innovation. A cet égard, nous sommes le premier pays d’Europe, avec 1085 demandes de brevet par million d’habitants l’an dernier.

Sur le plan politique, la stabilité de nos institutions, associée à un régime de nature plutôt libérale judicieusement imbriqué dans un système fédéraliste de gouvernance décentralisée, favorise une gestion plus efficace des deniers publics et assure une réelle proximité avec la population. Notre politique de neutralité a par ailleurs permis d’éviter de participer à des conflits destructeurs. Notre pays a également misé sur des secteurs à forte valeur ajoutée tels que la finance, la pharma et la haute horlogerie, qui bénéficient d’une renommée mondiale pour leur précision et leur qualité.

La détermination avec laquelle notre banque centrale est sortie de la phase des taux d’intérêt négatifs de même que sa récente décision de réduire son taux directeur à 1.5% est à saluer

Luc Oesch

Un autre pilier de notre réussite, moins souvent évoqué, est sans doute lié à la politique monétaire de la Banque nationale suisse (BNS), dont le rôle dans la stabilisation de notre économie a été crucial. Par ses décisions avisées en matière de fixation des taux directeurs et d’intervention sur le marché des changes, l’institut d’émission a réussi sur de longues périodes à maintenir l’inflation à un niveau inférieur à 2% à quelques exceptions près, notamment durant les années 1970 (choc pétrolier) et 1990 (post-krach boursier), et à répondre aux multiples attaques sur le franc suisse.

La détermination avec laquelle notre banque centrale est sortie de la phase des taux d’intérêt négatifs, de même que sa récente décision de réduire son taux directeur à 1,5%, sont à saluer. Elle assume ainsi le leadership et prend même de court d’autres banques centrales systémiques, en confirmant l’adage selon lequel la Réserve fédérale américaine (Fed) fait ce qu’elle doit, la Banque centrale européenne (BCE) ce qu’elle peut et la BNS ce qu’elle veut. Certes, la devise helvétique reste encore trop forte aux yeux de notre industrie d’exportation, mais on se réjouira de ce que le franc soit classé systématiquement autour de la cinquième place des monnaies les plus échangées au monde, ce qui est exceptionnel pour un pays qui représente 0,1% de la population mondiale.

Il convient de veiller à conserver notre compétitivité à l’heure où de nombreux pièges se dressent devant nous – défi démographique, infrastructures parfois insuffisantes, pression fiscale trop forte, transition vers une économie encore plus durable, relations avec l’UE. Nous avons cependant la chance de connaître les recettes du succès ainsi que les défis que nous devons surmonter à l’avenir.