Il y a quelque temps, le CEO d’une grande entreprise me confiait son incompréhension face au désengagement croissant de ses employés. Il observait une indifférence générale, un manque d’enthousiasme pour les initiatives internes. Cette situation, loin d’être unique, illustre un phénomène en pleine expansion depuis la pandémie: la fin du «workisme».
Le terme «workisme», inventé par Derek Thompson, décrit l’obsession pour le travail, longtemps perçue comme la clé de la réussite personnelle. Mais la pandémie a changé cette dynamique. De plus en plus de collaborateurs, en Suisse comme ailleurs, se limitent désormais au strict minimum dans leurs tâches quotidiennes, un comportement que l’on appelle le «quiet quitting» (démission silencieuse). Selon le rapport de Gallup, 59% de la main-d’œuvre mondiale se sent désengagée.
Le désengagement est particulièrement visible dans les entreprises qui prônent des valeurs de bien-être et d’inclusion sans parvenir à les incarner pleinement
Nathalie Brodard
En Suisse, des secteurs comme la finance ou les nouvelles technologies sont également touchés par ce désengagement. Face à ce défi, les entreprises doivent revoir leur approche. Le désengagement est particulièrement visible dans les entreprises qui prônent des valeurs de bien-être et d’inclusion sans parvenir à les incarner pleinement. Le fossé entre les attentes des employés et la réalité vécue en entreprise conduit à une frustration croissante, avec pour conséquence une perte de productivité et des coûts économiques significatifs. Si le «workisme» n’était peut-être pas sain dans sa forme extrême, cela ne signifie pas que l’engagement doit être abandonné. Il est possible de trouver un juste milieu, où les employés sont investis dans leur travail tout en conservant un équilibre avec leur vie personnelle.
Nous sommes à l’aube d’une révolution du travail, marquée notamment par l’essor du télétravail et des nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle. Ces bouleversements redéfinissent notre conception du travail. En Suisse, de nombreuses entreprises ont déjà adopté des politiques de travail hybride, mais il leur faut aller encore plus loin. Chaque collaborateur doit pouvoir trouver sa place dans cette nouvelle organisation.
L’intégration de l’intelligence artificielle pose également un défi. Comment les entreprises peuvent-elles intégrer ces nouvelles technologies tout en maintenant un engagement fort de leurs équipes? La réponse réside dans un équilibre entre innovation et soutien au capital humain.
Le classement 2024 de Great place to work distingue ainsi Swisscom pour son programme qui offre aux employés une flexibilité maximale en personnalisant leur environnement de travail, qu’ils soient au bureau ou à distance, tout en soutenant une collaboration intergénérationnelle pour stimuler l’innovation. Innosolv est aussi bien classée. La PME spécialisée dans les logiciels pour les fournisseurs d’électricité et d’eau propose un environnement de travail innovant et en encourageant la créativité et l’engagement des employés.
L’ère du «workisme» est bel et bien révolue. Il est temps pour les entreprises, et plus spécifiquement pour les services de ressources humaines, de réinventer leurs pratiques en valorisant véritablement leurs collaborateurs.
A très vite.