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Congé parental: le jeu n’en vaut pas la chandelle

L’accueil extra-familial des jeunes enfants est plus efficace afin d’améliorer la participation des femmes au marché du travail.

«Des solutions moins onéreuses, mieux ciblées, mais également plus durables que le congé parental doivent être privilégiées.»
KEYSTONE
«Des solutions moins onéreuses, mieux ciblées, mais également plus durables que le congé parental doivent être privilégiées.»
Marco Taddei
Union patronale suisse - Responsable Suisse romande
25 mars 2025, 19h00
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Le congé parental revient avec force dans l’agenda politique fédéral. Pas moins de quatre initiatives cantonales favorables à son introduction sur le plan niveau fédéral ont récemment été examinées par le Conseil des Etats. Allant dans le même sens, une initiative populaire pour un congé familial de 36 semaines sera lancée le 2 avril prochain par une large alliance menée par les Verts et Travail.Suisse.

Vu par ses partisans, le congé parental est paré de toutes les vertus: il favorise le bon développement des enfants, renforce l’égalité entre femmes et hommes, améliore la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, encourageant ainsi les femmes à rester dans le monde du travail.

En vérité, cette vision laisse dans l’ombre plusieurs éléments négatifs. Comme le montre un rapport sur les coûts et bénéfices de différents modèles de congé parental, publié le 19 février dernier par le Conseil fédéral, une nouvelle extension des assurances sociales engendrerait des coûts supplémentaires considérables pour les entreprises.

Le Conseil fédéral arrive à la conclusion que le congé parental n’est pas la mesure la plus appropriée pour renforcer l’équilibre entre vie familiale et vie professionnelle

Marco Taddei

Le rapport révèle que le congé parental entraîne un besoin de financement plus élevé susceptible d’occasionner une hausse des charges salariales, ce qui renchérit le travail. La facture s’annonce lourde: 1,3 milliard de francs par an pour un congé de 36 semaines, selon les estimations de la Commission fédérale pour les questions familiales.

Etatiser le congé parental, c’est faire fi de l’extrême diversité de notre tissu économique, composé pour l’essentiel de PME. Pour ces dernières, gérer des absences pendant plusieurs mois pose des contraintes organisationnelles non négligeables. Est-ce bien raisonnable dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre? Autre inconvénient mis en exergue par l’étude: le congé parental induirait des effets d’aubaine pour les entreprises qui ont déjà franchi le pas.

A la lumière de ces constats, le Conseil fédéral arrive à la conclusion que le congé parental n’est pas la mesure la plus appropriée pour renforcer l’équilibre entre vie familiale et vie professionnelle. A ses yeux, le jeu n’en vaut pas la chandelle: le soutien financier à l’accueil extra-familial est plus efficace et économique que le congé parental.

La nécessité de mieux concilier travail et famille constitue un enjeu économique et social majeur. A l’heure où huit mères d’enfants de moins de 15 ans sur dix travaillent à temps partiel, la participation des femmes au marché du travail doit être renforcée. Pour y parvenir, des solutions moins onéreuses, mieux ciblées, mais également plus durables que le congé parental doivent être privilégiées.

Les employeurs ont un rôle à jouer en proposant des modèles de travail flexibles. Sur le plan politique, deux mesures s’imposent: le développement ciblé d’offres de garde d’enfants par des tiers ainsi que l’introduction d’une imposition indépendante de l’état civil pour que le revenu secondaire du ménage ne soit pas pénalisé.