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A Genève, il faut que cela bouge

La ville du bout du lac ne manque pas d’atouts. Mais elle pourrait faire beaucoup mieux. Par Sheraz Ahmed

«Pour qu’une ville se transforme en pôle d’innovation, il faut plus qu’un environnement favorable aux affaires.»
KEYSTONE
«Pour qu’une ville se transforme en pôle d’innovation, il faut plus qu’un environnement favorable aux affaires.»
Sheraz Ahmed
Storm Partners - Managing Partner
17 avril 2024, 15h00
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Demandez à qui que ce soit de vous décrire Genève et on vous dira que c’est une belle ville connue pour son lac, son paysage et ses liens avec les organisations internationales et la diplomatie. Mais qu’elle est un peu endormie… Comparez avec Londres, Dubaï ou la Silicon Valley. Il ne s’y passe pas grand-chose. Et pourtant, en creusant, Genève dispose d’un potentiel (non exploité). Elle pourrait être un sol fertile pour l’innovation technique.

Pont entre perception et potentiel

Nous devrions commencer par dire que Genève est, en fait, une «petite» ville, et ce, de manière délibérée. Deuxième plus grande cité de Suisse, elle compte moins de 200.000 habitants – moins de la moitié de la ville française voisine de Lyon. Les lois et les habitudes œuvrent pour que la ville conserve son apparence, y compris en préservant l’horizon dégagé grâce à l’absence de tours. Le résultat? Un taux de logements vacants nul et une douloureuse expérience de recherche d’appartement pour tout nouvel arrivant.

Genève a les quotas de permis de travail les plus élevés de Suisse pour attirer les talents internationaux – mais seulement 500 «permis B» complétés par 100-200 demandes supplémentaires par an. C’est aussi un des seuls cantons avec un salaire minimum – bien pour ceux ayant de l’expérience mais pas pour les jeunes qui essaient de se faire une place.

Un problème de communication

En même temps, il se passe des choses plus intéressantes mais mal communiquées, comme «Alliance Innovation». Voilà un groupe de conseillers financé par l’Etat qui guide gratuitement les start-up dans leurs demandes de subventions ou qui, à un niveau plus modeste, organise chaque jeudi des rencontres vin et fromage derrière la gare de Cornavin.

En tant que plaque tournante de la finance, du commerce et des organisations internationales, Genève devrait être une ville plus grande, mais le fait demeure. Cela ne signifie pas qu’elle ne pourrait pas changer rapidement si elle reçoit la bonne impulsion.

Fondation pour l’innovation

Pour qu’une ville se transforme en pôle d’innovation, il faut plus qu’un environnement favorable aux affaires. Elle a besoin de combiner un système de formation solide avec des politiques gouvernementales proactives, du capital-risque (VC) abondant, des réglementations visionnaires et des espaces de réseautage dynamiques. Avec ses institutions académiques prestigieuses et sa tradition de coopération internationale, Genève est prête pour ce rôle. De nombreux VC sont basés dans la région et la ville accueille plusieurs conférences technologiques – bien qu’elles aient souvent une inclinaison politique.

De plus, le cadre réglementaire est favorable. La Suisse est un des premiers pays en Europe à reconnaître que les biens digitaux ne sont qu’une extension logique des biens physiques et devraient donc être traités de la même façon.

Tout cela ne signifie cependant pas que des modifications ne sont nécessaires pour faciliter la vie des start-up et des jeunes entrepreneurs. Certes, la Fongit, un incubateur, fait beaucoup pour les fintech, la nouvelle Decentral House pour les initiatives blockchain, ou encore l’Impact Hub pour le développement durable. Mais il faut allier expertise et finance pour vraiment développer la machine.

Une question de confiance en l’avenir

Les Emirats arabes unis et Bahreïn recourent à des investissements publics. A Genève, l’amélioration la plus significative serait de favoriser une culture de start-up dynamiques et «disruptives», soutenue par des investissements, y compris, à la fois exigeants et bienveillants.

En fin de compte, c’est une question d’énergie, de ressenti, de confiance en l’avenir, même.