A Genève, les constructions de logements n’en finissent pas de sortir de terre. Le canton bâtit à un rythme jamais vu depuis un demi-siècle. Ce sont ainsi plus de 3800 nouvelles habitations qui ont vu le jour en 2022, un record depuis 1975, selon l’Office cantonal de la statistique (Ocstat). En prenant en compte les logements détruits (640), le gain total se fixe à 3160 habitations. Ce résultat est nettement supérieur à la moyenne des dix dernières années (2150) et représente plus du double de la période 2000-2014 (1400).
Et pourtant, malgré cette hausse record de constructions, les logements se raréfient sur le territoire. Fin juin 2022 à Genève, sur 10.000 logements, 37 étaient disponibles contre 51 l’année précédente. Au niveau national, Genève affiche actuellement le taux de vacance le plus bas de Suisse après Zoug.
Le principal facteur de la crise du logement est lié à un accroissement démographique spectaculaire qui reflète tout de même la bonne santé de notre économie. La population genevoise s’est étoffée de plus de 43.000 habitants supplémentaires depuis 2014 et la situation ne risque pas de se détendre puisque, selon l’Ocstat, la population du canton devrait atteindre les 600.000 habitants au plus tôt en 2038 et au plus tard en 2044.
Alors combien de logements faut-il construire pour répondre à cette demande et le canton de Genève peut-il encore absorber cette hausse? Difficile à prédire avec exactitude. Ce qui est sûr, c’est que pour répondre à cette demande, il va au moins falloir garder la cadence de l’an dernier pour rattraper le retard accumulé. Or, l’actuel Plan directeur cantonal vise la réalisation de 2500 logements par année pour tendre vers une cible de 50.000 nouveaux logements construits entre 2011 et 2030 et aux deux tiers de la période, seuls près de 25.000 logements sont sortis de terre. Il semble que cet objectif initial ne permettrait vraisemblablement ni de répondre à l’ensemble des besoins, ni de retrouver une fluidité du marché du logement.
Sur le plan économique, la pénurie qui sévit à Genève depuis 1999 bride le développement du canton, car de nombreuses personnes actives n’ont pas la possibilité de trouver une offre résidentielle répondant à leurs aspirations et/ou à leurs moyens. Ces dernières s’installent donc dans le Grand Genève (Haute-Savoie, Ain et district de Nyon), avec pour conséquences des pertes économiques et fiscales importantes pour Genève, mais également une augmentation considérable des nuisances dues aux nombreux déplacements pendulaires.
Cette pénurie influe bien évidemment également sur les prix de l’immobilier et des loyers, impactant fortement le pouvoir d’achat des ménages. Lueur d’espoir tout de même: malgré son territoire exigu, et selon les experts interrogés par la Fondation pour l’attractivité du canton de Genève (Flag), le canton disposerait encore de la surface constructible nécessaire (incluant les terrains à bâtir, la transformation de locaux en appartements et la surévaluation d’immeubles existants) permettant d’absorber la hausse prédite du nombre de ménages.
De nouvelles mesures efficaces prises rapidement permettraient d’améliorer considérablement la qualité de vie des Genevoises et des Genevois; un enjeu qui doit être une priorité pour le nouveau gouvernement qui sera élu ce week-end.