Alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) s’apprête à entrer en scène, la Banque du Canada et son homologue australienne viennent de relever leurs taux d’intérêt directeurs respectifs de 0,25 point de pourcentage. Les deux institutions s’étaient octroyé une pause durant le premier semestre. Aux Etats-Unis, le rendement du T-Note à 10 ans a rebondi aux environs de 3,75%. Les emprunts à court terme sont soumis à des tensions significatives qui ont conduit le rendement du T-Note à 2 ans à proximité de 4,6% avant la réunion du FOMC.
Le statu quo a les faveurs de la cote, après quinze mois de relèvement ininterrompu du taux d’intérêt des Fed Funds de 0% à 5%. Bien que l’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) évolue encore largement au-dessus de la cible de 2%, le FOMC ne manque pas d’arguments justifiant une pause dans le cycle amorcé en mars 2022. Les «retards» inhérents aux effets de la politique monétaire plaident pour une interruption en attendant de mieux cerner l’évolution de l’inflation, de la conjoncture et des conditions d’accès aux crédits bancaires.

Si la décision de la Fed ne fait guère de doute, le résumé des projections économiques des membres du FOMC, le ton du communiqué et les déclarations du président de la banque centrale Jerome Powell lors de la conférence de presse pourraient faire quelques vagues sur les marchés financiers. Les dégâts devraient toutefois se révéler limités, car un large consensus semble avoir accepté l’idée qu’un assouplissement se fera attendre jusqu’en 2024. En outre, les «futures» du CME préfigurent la perspective d’un relèvement supplémentaire en juillet.
Parmi les rares indicateurs dignes d’intérêt, les demandes d’indemnités de chômage ont atteint 261.000 selon le dernier relevé hebdomadaire. Ce niveau inobservé depuis octobre 2021 corrobore les symptômes de détente du marché de travail reflétés par le dernier rapport de l’emploi qui faisait état d’un rebond du taux de chômage. Les chiffres d’inflation attendus mardi ne devraient pas jouer un rôle déterminant dans la décision du FOMC, mais ils pourraient avoir une influence sur le message transmis et la trajectoire des taux d’intérêt attendue au second semestre.
En Europe, la structure des taux d’intérêt en euros est soumise à des tensions plus modestes, bien que la BCE s’apprête à délivrer un nouveau relèvement de 0,25 point de ses trois taux directeurs et à exprimer sa volonté de poursuivre ses efforts pour endiguer l’inflation. Le taux de dépôts sera ainsi relevé de 3,25% à 3,5%. Le Conseil des gouverneurs pourrait en outre confirmer l’arrêt des réinvestissements des actifs accumulés durant plusieurs années d’assouplissement quantitatif (par le biais de l’APP).
L’heure de la pause n’a pas encore sonné à Francfort, malgré la morosité de la conjoncture. La révision à la baisse de la croissance du PIB de la zone euro (de 0% à -0,1% au premier trimestre 2023, de 0% à -0,1% au quatrième trimestre 2022) implique une légère récession «technique» selon la définition usuelle, mais l’inflation reste le problème central de la Banque centrale européenne (BCE) en attendant une confirmation de la décrue observée en mai.
L’étonnante fermeté de l’emploi, qui a progressé de 0,6% au premier trimestre, suggère que le terrain macroéconomique demeure propice au développement d’une spirale inflationniste. La matérialisation d’une récession plus sévère devrait toutefois conduire la BCE à adopter une position d’attente dès la fin de l’été, en septembre.