Alors que l’indice S&P 500 vient d’établir un nouveau record historique, les emprunts du Trésor américain sont sous pression. La courbe des rendements en dollars US est soumise à des tensions modérées qui ont conduit le rendement du T-Note à 10 ans dans une fourchette comprise entre 4,1% et 4,2%. Ce rebond trouve son origine dans les déclarations du gouverneur de la Réserve fédérale (Fed) Christopher Waller. Son discours suggère que les projections en décembre dévoilées par le comité de politique monétaire (FOMC) restent d’actualité. Il est raisonnable d’espérer une baisse des taux d’intérêt en 2024, mais le banquier central ne voit «pas de raison d’agir aussi rapidement ou de réduire les taux aussi vite que par le passé» dans les circonstances actuelles.
Généralement solides et bien orientés, les indicateurs récents apportent de l’eau au moulin de Waller. La progression soutenue des ventes au détail en décembre (en hausse de 0,6% sur un moins, 5,6% en glissement annuel) et l’amélioration de la confiance des consommateurs mise en lumière par la dernière enquête de l’Université de Michigan (78,8 en janvier après 69,7 en décembre) sont loin de justifier une action précipitée. En outre, le niveau réduit des demandes d’indemnités de chômage (187.000 selon le dernier relevé hebdomadaire) traduit toujours un marché du travail porteur.
La première estimation de la croissance du PIB attendue jeudi devrait corroborer le scénario d’atterrissage en douceur qui tend à justifier l’optimisme de Wall Street. Dans un tel contexte, la réunion du FOMC qui se tiendra la semaine prochaine ne devrait pas impliquer de grande révélation et le statu quo devrait se prolonger en mars. Les contrats «futures» portant sur le taux des Fed funds préfigurent désormais cette issue avec une probabilité supérieure à 50% et une première réduction le 20 mai. Après cette échéance, les «futures» annoncent des baisses régulières conduisant le taux directeur à 4% en fin d’année. Les investisseurs continuent donc à espérer un cycle d’assouplissement monétaire nettement plus rapide que le plan de route esquissé par le FOMC qui implique un taux directeur de 4,6% à fin 2024.
En Europe, les banquiers centraux et les développements conjoncturels récents ont aussi remis en question l’espoir d’une baisse rapide des taux d’intérêt. Le rendement du Bund allemand à 10 ans s’est redressé aux environs de 2,3%. Christine Lagarde et ses collègues ont laissé entendre qu’il ne fallait pas espérer un geste de leur part avant juin. Il n’y a donc pas grand-chose à attendre de la réunion du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), qui se tiendra ce jeudi.
Au Royaume-Uni, le rendement du Gilt à 10 ans s’est redressé à proximité de 3,9%. Les indicateurs transmettent un message confus. Bien que le rebond de l’inflation des prix à la consommation observé en décembre plaide pour le maintien d’un cap restrictif, le reflux de l’inflation salariale et le déclin des ventes au détail pourraient justifier une baisse rapide du taux d’intérêt de base.
En Suisse, le président de la Banque nationale (BNS) Thomas Jordan a déclaré que l’appréciation «réelle» du franc suisse était telle que la vente de devises n’était plus d’actualité pour la BNS. En outre, le renforcement du franc sera pris en compte dans le prochain examen de la situation économique et monétaire prévu en mars. A l’instar de la BCE, la BNS pourrait commencer à réduire son taux d’intérêt directeur en juin.