• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

«Point trop n’en faut», avertit le marché

Impatientes, les banques centrales s’exposent à des risques de surdosage de plus en plus évidents.

Thomas Jordan et ses collègues n’excluent pas un nouveau relèvement pour assurer la stabilité des prix.
Keystone
Thomas Jordan et ses collègues n’excluent pas un nouveau relèvement pour assurer la stabilité des prix.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
27 juin 2023, 20h00
Partager

La semaine écoulée a été le théâtre d’une détente significative des rendements obligataires, notamment en Europe où les signes de refroidissement de la conjoncture se multiplient. Le rendement du Bund allemand à 10 ans s’est replié aux environs de 2,3% suite à la publication d’indicateurs qui traduisent une contraction de l’activité manufacturière dans la zone euro. La chute du PMI consacré au secteur secondaire de 44,8 en mai à 43,5 en juin ne laisse guère de place au doute. Encore au-dessus du seuil de 50, qui délimite expansion et contraction, le PMI consacré aux services a cédé 1,7 point pour s’établir à 52,4 en juin. En Allemagne, le déclin prononcé de l’indice IFO du climat des affaires (88,4 en juin après 91,7 en mai) traduit également une dégradation de la conjoncture.

«Point trop n’en faut», avertit le marché

Bien que ce genre d’enquêtes auprès des entreprises traduisent plus une évaluation subjective qu’une mesure précise de l’activité, le déclin persistant des PMI annonce vraisemblablement une contraction du PIB de la zone euro après la légère érosion observée lors des quatrième trimestre 2022 et premier trimestre 2023. Ces symptômes inquiétants devraient inciter la Banque centrale européenne (BCE) à la prudence, malgré l’inertie de l’inflation.

Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a frappé un grand coup en relevant son taux d’intérêt directeur d’un demi point de pourcentage, de 4,5% à 5%. La décision a été prise à une majorité de 7 contre 2 membres du comité qui se sont prononcés en faveur du statu quo. Le comité de politique monétaire est préoccupé par les effets de «deuxième tour» mis en évidence par les statistiques récentes de prix et de salaires. Le redressement des taux d’intérêt à court terme sous l’influence de la banque centrale n’a pas empêché un reflux marqué du rendement du Gilt à 10 ans aux environs de 4,25%. Comme aux Etats-Unis et en Europe, l’inversion de plus en plus prononcée de la courbe des rendements traduit un risque élevé de récession.

En Suisse, la BNS a relevé son taux d’intérêt appliqué aux dépôts de 0,25 point à 1,75%. Thomas Jordan et ses collègues n’excluent pas un nouveau relèvement pour assurer la stabilité des prix. La banque centrale a pourtant dévoilé des projections d’inflation compatibles avec un arrêt du cycle de resserrement monétaire. Les avertissements émis par la BNS visent probablement à préserver la force du franc alors que la BCE et la Réserve fédérale (Fed) maintiennent un cap restrictif.

Aux Etats-Unis, les rendements en dollars sont restés à peu près stables. L’actualité économique est mitigée. Le redressement de l’indice NAHB, des permis de construire et des mises en chantier semble augurer une stabilisation du marché immobilier. Le déclin de l’indicateur composite avancé du Conference Board préfigure toujours des risques de récession qui pourraient se matérialiser en fin d’année. Comme en Europe, les PMI mettent en lumière un décalage entre un secteur manufacturier affaibli (46,3 après 48,4) et une expansion des activités de services (54,1 après 54,9).

Sans surprise, Jerome Powell a tenu aux parlementaires un discours qui réaffirme la volonté de la Fed d’endiguer l’inflation. Le banquier central a laissé entrevoir un relèvement accru des taux d’intérêt. Cette perspective est déjà largement anticipée par les investisseurs qui escomptent un ultime relèvement du taux d’intérêt des Fed funds entre 5,25% et 5,5% le 26 juillet.