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L’hypothèse d’une «saine correction»

Une accalmie précaire sur le front de la guerre commerciale favorise un redressement des rendements.

Dans l’attente de nombreuses réponses qui tardent à venir, le président de la Fed, Jerome Powell, et ses collègues ont clairement exprimé leur volonté d’attendre de mieux différencier «bruit et signal» avant d’agir.
Keystone
Dans l’attente de nombreuses réponses qui tardent à venir, le président de la Fed, Jerome Powell, et ses collègues ont clairement exprimé leur volonté d’attendre de mieux différencier «bruit et signal» avant d’agir.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
18 mars 2025, 18h30
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Alors que de nombreuses institutions révisent à la baisse les perspectives de croissance des Etats-Unis, le timide redressement des rendements en dollars transmet un message plutôt rassurant. Malgré le climat d’incertitude alimenté par les offensives et revirements incessants opérés par le président américain Donald Trump, les indicateurs récents sont loin de refléter une situation désespérée.

Au risque de nous répéter, il faut relever que les craintes soulevées par la chute du «GDPnow» de la Réserve fédérale (Fed) d’Atlanta sont très exagérées. Certes, l’économie américaine présente des symptômes d’essoufflement et son PIB pourrait se contracter au premier trimestre, mais elle ne remplit pas les critères qui définissent une véritable récession entraînant une baisse marquée des profits et une forte augmentation du chômage.

Les chiffres d’inflation publiés la semaine passée se sont révélés légèrement meilleurs qu’attendus, sans susciter l’enthousiasme de Wall Street. L’indice des prix à la consommation affiche en février une progression modérée de 0,2%, favorisant un léger reflux de l’inflation annuelle de 3,0% à 2,8%. Hors énergie et alimentation, l’inflation sous-jacente a reflué à 3,1%. En amont, les prix à la production n’ont guère varié en février (-0,1% sur un mois, 3,4% en glissement annuel hors énergie et alimentation). Ces variations modérées pourraient toutefois être remises en question par le relèvement des «tarifs» douaniers mis en œuvre en mars et voué à s’étendre à d’autres produits et régions dès le 2 avril.

Le statu quo est assuré

La chute de l’indice de confiance des consommateurs établi par l’Université de Michigan (57,9 en mars après 64,7 en février) traduit un malaise dont les effets concrets sur les dépenses des ménages restent incertains, même si le ralentissement des ventes au détail est avéré au terme des deux premiers mois de l’année. La dégradation de la confiance est désormais moins «partisane». Après avoir salué le retour de Donald Trump, les républicains commencent à exprimer des doutes. L’enquête met en lumière une forte augmentation des anticipations d’inflation, tant pour l’année à venir (4,9%) qu’à plus long terme (3,9%, contre 3,5% précédemment).

Alors que les ménages prévoient une accélération durable du renchérissement, les projections qui peuvent être déduites des emprunts du Trésor indexés à l’inflation (TIPS) transmettent le message contraire: ces derniers préfigurent une inflation à long terme (à 5 ans dans 5 ans) qui ne dépasse pas 2,1%. Pour les investisseurs, comme pour les économistes, les taxes douanières impliquent des ajustements de prix uniques, sans effets récurrents sur l’inflation.

Dans l’attente de nombreuses réponses qui tardent à venir, le président de la Fed, Jerome Powell, et ses collègues ont clairement exprimé leur volonté d’attendre de mieux différencier «bruit et signal» avant d’agir. L’issue de la réunion du comité de politique monétaire (FOMC) des 18 et 19 mars ne fait donc aucun doute: le statu quo est assuré. Les investisseurs prêteront cependant attention aux prévisions trimestrielles qui seront dévoilées mercredi et aux signaux qui seront transmis durant la conférence de presse. Il est toutefois probable que les banquiers centraux attendront de mieux cerner l’issue des négociations commerciales et l’orientation de la politique fiscale avant de définir plus précisément la trajectoire de la politique monétaire.

L’hypothèse d’une «saine correction»

Le marché des capitaux en euros est encore en train de digérer le choc provoqué par les annonces du futur chancelier allemand Friedrich Merz. Le rendement du Bund allemand à 10 ans a ainsi fluctué dans une marge assez étroite, entre 2,8% et 2,9%. Cette phase d’hésitation pourrait se prolonger quelque temps, dans l’attente de l’issue des négociations qui devraient déboucher sur une nouvelle grande coalition apte à réviser ou à suspendre la règle constitutionnelle de frein à l’endettement.

En Suisse, la Banque nationale (BNS) s’apprête vraisemblablement à réduire encore une fois son taux d’intérêt directeur de 0,5% à 0,25%. Ce geste, motivé par le reflux de l’inflation, pourrait être le dernier du cycle amorcé en mars 2024.