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Le pivot de la Fed? Pas avant le 1er mai

Les déclarations de Powell et la vigueur de l’économie américaine invitent les investisseurs à la patience.

Pour le président de la Fed, Jerome Powell, une réduction des taux en mars n’est envisageable que si les «données» devaient se révéler très décevantes.
Keystone
Pour le président de la Fed, Jerome Powell, une réduction des taux en mars n’est envisageable que si les «données» devaient se révéler très décevantes.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
06 février 2024, 19h30
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Entre la réunion du comité de politique monétaire (FOMC), les résultats de plusieurs méga-capitalisations américaines et une salve d’indicateurs emblématiques, les investisseurs ne risquaient pas de s’ennuyer la semaine passée. Sans surprise, la Réserve fédérale maintiendra son taux d’intérêt directeur dans une marge comprise entre 5,25% et 5,5%. Le communiqué officiel a été reformulé dans un sens plus «amical». La possibilité d’un relèvement accru des taux d’intérêt n’est plus évoquée, mais le comité ne pense pas qu’il sera approprié de réduire les taux d’intérêt avant d’avoir acquis une plus grande confiance que l’inflation se dirige durablement vers 2%.

Pour le président de l’institut, Jerome Powell, une réduction des taux en mars n’est envisageable que si les «données» devaient se révéler très décevantes. A cet égard, les indicateurs récents sont loin de justifier un geste rapide. Les enquêtes du Conference Board, de l’ISM et de S&P Global traduisent une nette amélioration de la confiance des consommateurs et du climat des affaires en janvier. L’indice ISM consacré au secteur manufacturier a poursuivi son rebond pour s’établir à 49,1 en janvier, au plus haut depuis octobre 2022.

Des embauches à un rythme soutenu

Plus concrètement, les entreprises ont continué à embaucher à un rythme soutenu (353.000 postes créés en janvier après 333.000 en décembre). La réduction de la durée de travail hebdomadaire invite toutefois à relativiser la portée de l’augmentation des effectifs. Le taux de chômage, stable à 3,7%, traduit toujours un marché du travail porteur, voire tendu. La forte progression du revenu horaire moyen (0,6% mensuel, 4,5% en glissement annuel) peut sembler inquiétante, mais les indices trimestriels du coût de l’emploi et les coûts salariaux unitaires, plus fiables, traduisent une modération de l’inflation salariale au quatrième trimestre.

L’actualité récente continue donc à étayer l’espoir d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine, un scénario qui devrait déboucher sur une normalisation graduelle des conditions monétaires au second semestre. Les contrats «futures» du CME et la structure des taux monétaires préfigurent toutefois un cycle d’assouplissement rapide et ample débutant le 1er mai. La copieuse actualité de la semaine s’est finalement soldée par une légère augmentation des rendements à court et moyen terme. Après un bref épisode de repli, le rendement du T-Note à 10 ans est revenu aux environs de 4,1%.

Le pivot de la Fed? Pas avant le 1er mai

Posture attentiste en Europe

En Europe, la courbe des rendements en euro est restée à peu près stable. La stagnation du PIB de la zone euro au quatrième trimestre et la décrue de l’inflation observée en janvier (2,8% en glissement annuel, après 2,9% en décembre) se sont révélées conformes aux attentes. La stabilité du taux de chômage, inchangé à 6,4% en décembre, devrait conforter la Banque centrale européenne (BCE) dans sa posture attentiste.

Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a maintenu le statu quo, conformément aux attentes et supprimé de son communiqué la référence à un relèvement accru. Le comité compte toutefois deux «faucons» qui ont voté en faveur d’un relèvement du taux de base et une «colombe» qui s’est prononcée en faveur d’une réduction. Une large majorité de six membres a imposé le choix d’un immobilisme qui pourrait se prolonger dans l’attente d’un reflux probant de l’inflation vers la cible de 2%.