Alors qu’une vague d’optimisme a conduit l’indice S&P 500 vers un nouveau sommet, les marchés obligataires attendent sereinement la réunion du comité de politique monétaire (FOMC) des 30 et 31 janvier. Le maintien du taux d’intérêt des Fed fund entre 5,25% et 5,5% semble acquis, mais le communiqué officiel et les déclarations du président Jerome Powell lors de la conférence de presse devraient permettre de cerner un peu mieux les intentions des autorités monétaires quant à la trajectoire des taux d’intérêt et les modalités du «resserrement quantitatif» qui résulte du non-réinvestissement des emprunts du Trésor et MBS arrivant à maturité.
L’actualité récente place les banquiers centraux dans une situation assez confortable. La croissance du PIB a légèrement ralenti au quatrième trimestre pour s’établir à 3,3% en rythme annualisé. Cette expansion robuste est largement alimentée par la progression des dépenses de consommation et des dépenses publiques, alors que la croissance des dépenses d’investissement a nettement ralenti. Contre toute attente, les entreprises ont continué à accumuler des inventaires à un rythme élevé pour le deuxième trimestre consécutif, ce qui augure d’un ralentissement au premier trimestre 2024.
La modération de l’inflation devrait réjouir les banquiers centraux. Les indices de prix liés aux différents postes de dépenses du PIB mettent en lumière un ralentissement probant. Mieux, l’indice relatif aux dépenses de consommation personnelles affiche, hors énergie et alimentation, une progression annualisée de 2,0% aux troisième et quatrième trimestres 2023. En d’autres termes, la Réserve fédérale (Fed) a atteint son objectif durant le second semestre 2023. Malgré ce succès d’étape, le FOMC devrait attendre encore un peu avant de célébrer le rétablissement de la stabilité des prix et d’amorcer le «pivot» qui sous-tend l’optimisme des investisseurs et le reflux des rendements obligataires.
En Europe, la réunion du Conseil des gouverneurs s’est soldée par un statu quo et un communiqué relativement neutre, dénué de tout signal préfigurant une baisse rapide des taux d’intérêt. La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, et ses collègues estiment que les perspectives de croissance sont entachées par des risques «biaisés» vers le bas. Sur le front de l’inflation, la BCE prévoit un reflux accru au cours de l’année – un scénario entaché par des risques dans les deux sens, soit vers le haut, mais aussi vers le bas. A l’instar de la Fed, la BCE met l’accent sur les données et notamment sur le marché du travail et les coûts salariaux.
Les indicateurs conjoncturels plaident pour un changement de cap même si l’inflation mesurée en glissement annuel n’a pas encore reflué à 2%. Les PMIs de la zone euro traduisent une contraction persistante de l’activité tant pour le secteur manufacturier (46,6 en janvier après 44,4 en décembre) que du côté des services (48,4 après 48,8). En Allemagne, le déclin de l’indice IFO consacré au climat des affaires (85,2 en janvier, au plus bas depuis octobre) n’annonce pas la moindre embellie après la légère contraction du PIB endurée en 2023. Ces développements suggèrent que la BCE mène contre l’inflation un combat d’arrière-garde qui implique des risques de récession. Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre devrait également camper sur ses positions en attendant d’observer un reflux accru de l’inflation.