Occultée par les résultats éblouissants de Nvidia, l’actualité macroéconomique se résume à quelques clarifications apportées par le procès-verbal de la dernière réunion du comité de politique monétaire (FOMC) de la Réserve fédérale américaine (Fed) et aux déclarations convergentes de plusieurs banquiers centraux. Trois gouverneurs ont souligné l’importance de collecter davantage d’informations confirmant le rétablissement de la stabilité des prix avant de commencer à réduire les taux d’intérêt. Tous relativisent l’importance du dérapage observé en janvier, mais jugent qu’il est prématuré de célébrer la fin du combat contre l’inflation.
Christopher Waller estime toujours qu’il sera opportun de réduire les taux d’intérêt en 2024, mais son discours suggère qu’il ne faut pas espérer un assouplissement avant le 12 juin. Lisa Cook, qui a passé en revue les facteurs d’incertitude qui entachent les perspectives d’inflation, est aussi opposée à toute action précipitée. Dans le même registre, Philip Jefferson se montre soucieux de ne pas rééditer les erreurs du passé et met l’accent sur les données à venir. En se référant à l’expérience historique, le gouverneur n’exclut pas complètement la possibilité d’un choc exogène dictant un assouplissement plus rapide. Enfin, le procès-verbal de la réunion du FOMC nous apprend que seuls deux membres ont exprimé leur crainte à l’égard des risques associés à un revirement monétaire trop tardif.
Attentisme validé
Sans grand relief, l’actualité conjoncturelle ne remet pas en question la solidité de l’économie américaine. L’érosion des PMIs publiée par S&P Global (de 52 en janvier à 51,4 en février pour la jauge composite) n’est pas significative. Le déclin persistant de l’indicateur avancé du Conference Board, en repli de 0,4% en janvier, ne mérite guère de considération au regard des signaux erronés que cet indice nous transmet depuis 2022. Le redressement des ventes de maisons existantes et le niveau réduit des demandes d’indemnités de chômage (201.000 selon le dernier relevé hebdomadaire) valident l’attentisme de la Fed.
Alors que l’euphorie boursière focalise l’attention, les emprunts du Trésor présentent des rendements à peu près stables au terme de la semaine passée. Celui du T-Note à 10 ans a culminé à 4,35% avant de refluer aux environs de 4,25% à la faveur du discours apaisant formulé par les banquiers centraux. Le déclin des primes de risque de crédit s’est poursuivi, entraînant une surperformance des obligations d’entreprises et plus particulièrement du segment high yield.
Une légère amélioration de la confiance
En Europe, les emprunts en euros affichent aussi des rendements stables. Les enquêtes traduisent une légère amélioration de la confiance et du climat des affaires qui pourrait conforter la Banque centrale européenne (BCE) dans sa posture attentiste. Le discours d’Isabel Schnabel (membre du directoire de la BCE), évoquant les difficultés de franchir le «dernier mile» de la désinflation, suggère que la banque centrale n’est pas pressée d’agir en dépit de la stagnation de l’activité.
Au Royaume-Uni, les déclarations du gouverneur Bailey ont favorisé une baisse prononcée des rendements en livres sterling à court et moyen terme. Le patron de la Banque d’Angleterre n’a pas cherché à corriger les anticipations de baisses des taux d’intérêt et rappelé qu’un assouplissement était possible avant un retour de l’inflation vers la cible.
Les rendements en francs suisses ont aussi baissé dans la perspective d’un assouplissement qui pourrait se matérialiser dès le 21 mars.