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La dérive des conjonctures se poursuit après la victoire de Trump

Le président républicain élu hérite d’une économie qui n’est pas sans rappeler les années folles du siècle passé.

La décision de Donald Trump de nommer Scott Bessent à la tête du Département du trésor a reçu un accueil favorable sur les marchés financiers.
Keystone
La décision de Donald Trump de nommer Scott Bessent à la tête du Département du trésor a reçu un accueil favorable sur les marchés financiers.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
26 novembre 2024, 18h45
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Encore vulnérable, le marché obligataire américain s’est repris à la fin de la semaine passée. Les rendements à long terme sont repartis à la baisse pour s’établir près des niveaux observés avant les élections, aux environs de 4,3% pour le T-Note à 10 ans. La décision de Donald Trump de nommer Scott Bessent à la tête du Département du trésor a reçu un accueil favorable sur les marchés financiers. Le successeur de Janet Yellen est perçu comme un «modéré», gage d’une certaine stabilité (ce qui lui a valu l’opposition d’Elon Musk qui soutenait Howard Lutnick, nommé à la tête du Département du commerce).

La dérive des conjonctures se poursuit après la victoire de Trump

Le principal artisan de la «Trumponomics 2.0» a conçu un plan estampillé 3-3-3. Son projet vise à stimuler la croissance réelle avec un objectif de 3% par année, à réduire le déficit budgétaire à 3% du PIB et… à produire 3 millions de barils de pétrole de plus par jour. Si ce plan vous paraît simpliste, c’est parce qu’il a été pensé à des fins purement électorales. Sa mise en œuvre s’annonce ardue, car la croissance ne se décrète pas, même en invoquant les saints de la dérégulation et de l’offre (Milton, Friedrich, Ronald, Margaret et consorts).

L’assainissement des finances publiques s’annonce difficile sachant que Donald Trump a promis de prolonger les baisses d’impôts introduites en 2017 et d’alléger la fiscalité des entreprises. Conscient des obstacles qui se profilent à moyen terme, Scott Bessent n’a pas placé la barre très haut en fixant l’échéance en 2028. Le futur responsable du Trésor est par ailleurs perçu comme un pragmatique qui cherchera à éviter une guerre commerciale sévère, mais à recourir aux taxes comme un levier dans les négociations avec les partenaires et concurrents des Etats-Unis.

La mise à l’écart de Matt Gaetz, qui avait été choisi par Donald Trump pour diriger le Département de la justice, montre que Donald Trump ne dispose pas des pleins pouvoirs ou d’un «chèque en blanc» en dépit du succès des républicains aux élections du 5 novembre. Les sénateurs et les représentants du Grand Old Party (GOP) pourraient donc aussi réduire la marge de manœuvre de Donald Trump en matière budgétaire et tarifaire.

La maigre actualité macroéconomique souligne le décalage flagrant entre la vigueur de l’activité aux Etats-Unis et la léthargie qui sévit en Europe. Alors que le PMI composite américain a poursuivi son ascension pour atteindre 55,3 en novembre (au plus haut depuis avril 2022), la jauge européenne est tombée à 48,1 (au plus bas depuis janvier). Alors que l’indice américain consacré aux services culmine à 57, l’indice européen a rejoint la jauge manufacturière en dessous de 50, ce qui traduit une contraction de l’activité.

En France, la parenthèse olympique et estivale a pris fin et un gouvernement dénué de majorité parlementaire est contraint de relever des défis budgétaires insolubles. Paralysée par une crise politique et un frein à l’endettement excessivement rigide, l’Allemane paie un lourd tribut à la crise qui frappe son secteur manufacturier.

L’accumulation de symptômes de ralentissement en Europe a provoqué un déclin marqué des rendements en euros, en livres et en francs suisses. Les développements récents devraient inciter la Banque centrale européenne (BCE) à se montrer plus incisive que la Réserve fédérale au cours des prochains mois. De nombreux observateurs espèrent désormais une baisse du taux de dépôt de 0,5% (3,25% à 2,75%) le 12 décembre. Les projections à l’horizon juin 2025 préfigurent ainsi des taux monétaires en euros inférieurs à 2%. En Suisse, les taux d’intérêt pourraient être abaissés à zéro en septembre prochain.