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Le reflux des taux américains est loin d’être acquis

L’effet des coupes budgétaires et de l’augmentation espérée de l’offre d’énergie sur l’inflation reste incertain.

La volte-face du président entretient l’espoir d’un certain pragmatisme et d’une écoute attentive des doléances qui émanent de Wall Street.
Keystone
La volte-face du président entretient l’espoir d’un certain pragmatisme et d’une écoute attentive des doléances qui émanent de Wall Street.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
11 février 2025, 18h50
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Faut-il s’en étonner? Le facteur Trump reste la principale source de volatilité sur les marchés financiers, loin devant les données macroéconomiques et les résultats dévoilés par les méga capitalisations. Le spectre de la guerre commerciale qui alarmait les investisseurs lundi 3 février a trouvé une résolution rapide, en forme de sursis, tant pour le Mexique que pour le Canada qui ont pris des engagements en matière de surveillance des frontières. Les produits chinois seront en revanche surtaxés à hauteur de 10%, ce qui a conduit à une réplique mesurée de la part du président Xi Jinping, toujours ouvert à la négociation.

La volte-face du président entretient l’espoir d’un certain pragmatisme et d’une écoute attentive des doléances qui émanent de Wall Street. La politique commerciale reste néanmoins chaotique et potentiellement indigeste, tant pour les actionnaires que pour les investisseurs en obligations. Les taxes de 25% frappant les importations d’acier et d’aluminium dévoilées ce week-end et les taxes «universelles, mais réciproques» qui devraient être annoncées au cours des prochains jours sont susceptibles de raviver les craintes des investisseurs.

Le reflux des taux américains est loin d’être acquis

Dans ce contexte mouvant, les obligations en dollars présentent des rendements à peu près stationnaires, à proximité de 4,5% pour le T-Note à 10 ans. Le rapport de l’emploi publié vendredi passé ne traduit aucune rupture, même si les créations d’emploi ont fléchi en janvier (147.000 après 301.000 en décembre, un chiffre révisé à la hausse). Le reflux du taux de chômage, de 4,1% à 4,0%, concomitant à une augmentation du taux de participation, traduit un marché du travail robuste, voire légèrement tendu.

Malgré ce constat, la confiance des consommateurs s’est dégradée en janvier. La dernière enquête de l’Université de Michigan signale une dérive inquiétante des anticipations d’inflation, tant à un an qu’à cinq ans d’horizon. En fin de compte, les données récentes valident la posture attentiste de la Réserve fédérale (Fed) qui est aussi justifiée par l’incertitude qui englobe, aujourd’hui encore, la politique de Donald Trump en matière de fiscalité, de commerce et d’immigration.

Une baisse du rendement du T-Note à 10 ans

Alors que le chantier budgétaire n’a pas encore vraiment débuté, sinon par le biais de coupes ciblées et symboliques, le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a affirmé que lui et le président ne souhaitaient pas une réduction des taux monétaires contrôlés par la Fed, mais une baisse du rendement du T-Note à 10 ans (soit des taux d’intérêt à long terme). Pour parvenir à cet objectif, Scott Bessent mise sur une baisse des prix de l’énergie et des coupes budgétaires impliquant une réduction du déficit public.

Dans le même registre, Elon Musk estime que le marché obligataire n’a pas encore pris la pleine mesure des économies qui seront rendues possibles par son département «Doge». En attendant de mieux cerner les résultats concrets des coupes et de prendre la mesure des baisses d’impôts, les obligations restent vulnérables.

Sur le marché des capitaux en euros, les rendements n’ont quasiment pas varié au terme d’une semaine sans relief. Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a réduit son taux de base de 4,75% à 4,5%, conformément aux attentes. La décision a été prise à une large majorité de sept contre deux membres du comité qui se sont prononcés en faveur d’une baisse de 0,5 point de pourcentage.

Une fois n’est pas coutume, il faut se tourner vers le Japon pour observer des variations significatives: les rendements en yen ont ainsi atteint des niveaux qui n’avaient plus été observés depuis 2010 en réaction aux avertissements d’un banquier central.