Une fois n’est pas coutume, la Banque nationale suisse (BNS) a capté l’attention durant une semaine sans grand relief. Les déclarations de Thomas Jordan, l’attentisme de la Réserve fédérale américaine (Fed) et la dépréciation du franc avaient conduit une majorité d’experts à estimer que la BNS maintiendrait son taux directeur à 1,5% à l’occasion de l’examen trimestriel dévoilé jeudi passé. Thomas Jordan et ses collègues ont toutefois décidé d’opérer une baisse de 0,25 point de pourcentage. Nul doute que le renforcement de franc consécutif aux élections européennes et à la dissolution du parlement français a joué un rôle dans cette décision.
La banque centrale helvétique aurait eu tort de temporiser alors que l’inflation semble maîtrisée. Les projections, mises à jour sous l’hypothèse d’un taux abaissé à 1,25%, suggèrent que la politique monétaire est bien calibrée. Restrictives en début d’année, les conditions monétaires présentent désormais un caractère à peu près «neutre». Dans cette logique, la BNS a déjà accompli une grande partie du chemin vers la normalité. Il est improbable que la BNS réduise son taux directeur en dessous de 1% sans circonstances entraînant une forte appréciation du franc ou des risques de récession aigus.
Attendre encore un peu
Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre n’a pas modifié son taux directeur en dépit du reflux de l’inflation à 2,0% en glissement annuel en mai. Si deux membres du comité se sont prononcés en faveur d’une réduction du taux de base, une majorité de sept membres a imposé sa volonté d’attendre encore un peu en raison des tensions qui continuent à se manifester sur le marché du travail et de l’augmentation persistante des prix des services. Le communiqué n’intègre pas de signal explicite, mais il n’est pas incompatible avec une réduction du taux de base le 1er août ou, plus probablement, le 19 septembre.
Sur le marché des capitaux en euro, les rendements sont stationnaires. Le rendement du Bund allemand à 10 ans s’inscrit toujours aux environs de 2,4% et les primes de risques sur le marché des capitaux souverains ont légèrement reflué en dépit de l’incertitude générée par le pari d’Emmanuel Macron. Le parlement français bancal, dénué de majorité, qui se profile à l’horizon est perçu comme un moindre mal au regard de la victoire de l’une des deux ailes populistes. Occultée par l’incertitude politique, l’actualité économique européenne est morose. Le déclin des PMIs et de l’indice IFO relatant le climat des affaires en Allemagne remet en question la timide embellie qui s’était manifestée en mai.
Aux Etats-Unis, la courbe des rendements en dollars est figée. Le rendement du T-Note à 10 ans s’établit toujours aux environs de 4,25%. L’érosion des ventes au détail observée en mai traduit une modération bienvenue de la consommation des ménages. Le rebond de la production manufacturière et la fermeté des PMIs (estimé à 54,6 en juin après 54,5 en mai pour la jauge composite) entretiennent toutefois l’espoir d’un «atterrissage en douceur» d’une économie américaine qui continue à surclasser les autres économies avancées, tout en confortant son avance dans le domaine des technologies de l’information.