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Fed, BCE: tout reste à faire

Malgré quelques signaux apaisants, il est vain d’espérer un revirement rapide des banques centrales.

Le communiqué officiel et les déclarations de la présidente de la BCE Christine Lagarde laissent entrevoir un ralentissement du cycle de resserrement monétaire après les ajustements rapides effectués au cours des trois derniers mois.
Keystone
Le communiqué officiel et les déclarations de la présidente de la BCE Christine Lagarde laissent entrevoir un ralentissement du cycle de resserrement monétaire après les ajustements rapides effectués au cours des trois derniers mois.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
02 novembre 2022, 7h00
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La Banque centrale européenne (BCE) s’est conformée à la mode actuelle en relevant ses taux d’intérêt directeurs de 75 points de base, ce qui implique un taux d’intérêt de dépôt fixé à 1,5% en lieu et place du taux négatif de -0,5% qui prévalait encore à fin juin. Sans surprise, la BCE continuera à réinvestir les montants issus des remboursements des actifs accumulés par le biais des programmes d’achats (APP et PEPP). Largement escomptées, les annonces de la BCE ont reçu un accueil serein. La structure des taux d’intérêt en euros s’est même sensiblement aplatie à la faveur d’un reflux des rendements à long terme, en phase avec les Etats-Unis.

Le communiqué officiel et les déclarations de la présidente Christine Lagarde laissent entrevoir un ralentissement du cycle de resserrement monétaire après les ajustements rapides effectués au cours des trois derniers mois. En contraste avec les dernières réunions, la BCE n’a émis aucun signal précis quant au cheminement de sa politique monétaire, même si le cap reste évidemment restrictif. La BCE navigue à vue et prendra ses décisions en fonction de l’évolution des perspectives d’inflation et d’activité économique. La «balance des risques» demeure inconfortable: vers le bas pour la croissance, vers le haut pour l’inflation (qui a atteint 10,7% en octobre, 5% hors énergie et alimentation).

En bref, le message transmis par la BCE est compatible avec un relèvement de taux limité à 50 points en décembre, puis avec une pause courant 2023. Le taux d’intérêt «terminal» demeure toutefois très incertain. Christine Lagarde est restée totalement évasive dans ses réponses aux questions évoquant des taux d’intérêt monétaires culminant aux environs de 3% (comme actuellement reflété par les contrats sur le taux euribor à 3 mois échéant en juin prochain).

Après la BCE, la Réserve fédérale américaine devrait procéder mercredi à un relèvement du taux d’intérêt des «Fed Funds» de 75 points de base, vers une marge comprise entre 3,75% et 4%. Le communiqué du FOMC et la conférence de presse de Jerome Powell ne devraient pas dévoiler de plan de route précis, mais probablement évoquer un changement de rythme justifié par le caractère restrictif des conditions monétaires après un relèvement cumulé des taux d’intérêt de 3,75 points de pourcentage. La Fed devrait ainsi se contenter d’une hausse de 50 points de base en décembre, conformément aux projections dévoilées en septembre.

Le taux d’intérêt «terminal» de 4,75% à 5% qui a aujourd’hui les faveurs de la cote n’impliquerait plus qu’un relèvement de 50 points en 2023 avant une pause, prélude à un éventuel «pivot» qui suscite encore une fois de grands espoirs à Wall Street. Le reflux marqué des rendements en dollars observé la semaine passée s’inscrit dans cette logique, mais ce scénario n’est que fragilement étayé par les développements conjoncturels qui confirment généralement la robustesse de l’économie américaine.

La croissance réelle du PIB des Etats-Unis a en effet rebondi au troisième trimestre pour s’établir à 2,6% en rythme annualisé. Ce redressement est toutefois largement imputable aux mêmes aléas du commerce international qui avaient entraîné une contraction du PIB au premier semestre. La décomposition par postes de dépenses met en lumière un refroidissement de la demande intérieure privée et plus particulièrement de l’investissement résidentiel qui témoigne de l’efficacité du resserrement monétaire conduit par la Fed. La persistance de l’inflation, confirmée par la progression de l’indice des prix liés aux dépenses de consommation (0,5% mensuel, 5,1% en glissement annuel hors énergie et alimentation) et l’assèchement du marché du travail américain pourrait contraindre la Fed à relever les taux d’intérêt au-delà de 5% avant de pouvoir adopter une posture plus amicale.