• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

Des trajectoires monétaires divergentes

La Réserve fédérale s’apprête à opérer une baisse de taux discutable avant de s’accorder une pause.

Malgré des nouvelles mitigées, un consensus presque unanime attend mercredi une baisse du taux d’intérêt des Fed funds de 0,25 point de pourcentage, vers une fourchette comprise entre 4,25% et 4,5%.
Keystone
Malgré des nouvelles mitigées, un consensus presque unanime attend mercredi une baisse du taux d’intérêt des Fed funds de 0,25 point de pourcentage, vers une fourchette comprise entre 4,25% et 4,5%.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
17 décembre 2024, 18h45
Partager

Les chiffres d’inflation publiés la semaine passée aux Etats-Unis ont un mérite: ils ne sont pas pires que prévus. Ils ne sont toutefois pas réjouissants. Pour le quatrième mois consécutif, l’indice des prix à la consommation hors énergie et alimentation affiche en novembre une progression mensuelle de 0,3%. En glissement annuel, l’inflation sous-jacente s’établit à 3,3% et reste obstinément au-dessus de l’objectif visé par la Réserve fédérale américaine (Fed). La progression des prix à la production, en hausse de 0,4% sur un mois et de 4,0% en glissement annuel, est aussi de nature à alimenter des tensions inflationnistes.

Malgré ces nouvelles mitigées, un consensus presque unanime attend mercredi une baisse du taux d’intérêt des Fed funds de 0,25 point de pourcentage, vers une fourchette comprise entre 4,25% et 4,5%. Cette anticipation n’est pas étayée par des développements économiques récents, mais par les signaux transmis par le président de l’institut, Jerome Powell, et ses collègues. A ce jour, la banque centrale n’a pas émis d’avertissement remettant en question le plan de route ébauché en septembre. Toujours bien informé, Nick Timiraos, du Wall Street Journal, évoque dans son article du 16 décembre une pause ou un arrêt du cycle d’assouplissement après la réduction qui sera opérée cette semaine.

Bien qu’une réduction de taux paraisse acquise, il faut se préparer à une révision significative des projections à l’horizon fin 2025 et à plus long terme. Caduque, la prévision médiane faisant état d’un taux d’intérêt directeur à 3,4% en décembre prochain sera certainement revue à la hausse. Cette perspective est amplement escomptée, comme en témoigne le «FedWatch Tool» du CME qui préfigure un taux cible abaissé entre 3,75% et 4,0% en décembre 2025. Quoi qu’il advienne à cet horizon, le comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) devrait interrompre le cycle d’assouplissement en janvier. La suite du programme sera comme toujours tributaire des «données», mais aussi de la politique qui sera progressivement mise en œuvre par l’administration Trump et la majorité républicaine loyale.

Sans attendre le verdict du FOMC, la courbe des rendements en dollars US s’est redressée, conduisant le rendement du T-Note à 10 ans à proximité de 4,4%. Ce rebond efface le déclin éphémère survenu à fin novembre. En phase avec les emprunts traditionnels, les emprunts du Trésor indexés à l’inflation présentent des rendements «réels» en hausse, à nouveau supérieurs à 2% pour les TIPS à 10 ans.

Des trajectoires monétaires divergentes

En Europe, la Banque centrale (BCE) a abaissé son taux de dépôt de 3,25% à 3%. Cette décision et le ton insipide du communiqué ont déçu ceux qui espéraient plus d’audace face à la multiplication des symptômes de faiblesse de l’activité. Cependant, le discours de Christine Lagarde formulé le 16 décembre tire un trait sur la nécessité de maintenir des conditions monétaires «suffisamment restrictives». Pour la présidente de la BCE, le reflux probant de l’inflation et les risques «vers le bas» qui entachent la croissance dictent une orientation «appropriée», soit potentiellement stimulantes si les circonstances le réclament.

En Suisse, la Banque nationale (BNS) s’est montrée plus généreuse que prévu en réduisant son taux directeur de 1% à 0,5%. La cadence trimestrielle des réunions du directoire tend à justifier une plus grande baisse que celle opérée par une BCE dont le conseil se réunit huit fois par an. Le retour des taux monétaires nuls se profile de plus en plus clairement à l’horizon et il est possible que la BNS recoure à nouveau à l’arme des taux négatifs pour contenir l’appréciation du franc face à l’euro.