En janvier, nous indiquions que « l’année 2021 pourrait s’avérer plus complexe pour les marchés que ce qui semble généralement admis ». Cette mise en garde se confirme dès à présent. Alors que les taux d’intérêt ont commencé à remonter sur les marchés financiers, les investisseurs commencent à s’interroger sur les effets de cette hausse sur les actions.
Grâce aux vaccins contre la Covid-19 et les mesures prises par les gouvernements pour stimuler la consommation, l’économie mondiale pourrait afficher cette année – en tout cas aux Etats-Unis – un rythme de croissance figurant parmi les plus élevés depuis les années 1980. Mais avec une croissance mondiale de 5% à 6% attendue cette année, la question se pose de l’attitude des banques centrales qui maintiennent les taux d’intérêt à des niveaux extrêmement bas depuis plusieurs années pour soutenir l’économie.
Une reprise trop brutale de l’économie pourrait entrainer une hausse des prix. Pour éviter cette surchauffe ou limiter l’inflation, les banques centrales, qui régulent l’activité économique, pourraient relever leurs taux d’intérêt. Or, un relèvement trop important de ces taux pourrait peser sur les actions en incitant les investisseurs à se tourner vers des placements financiers devenus plus rémunérateurs. En outre, cela renchérirait d’autant les coûts d’emprunt ou les crédits à la consommation. L’attitude des banques centrales est donc au cœur des interrogations avec cette question : quand pourraient-elles commencer à durcir leur politique monétaire ?
La fébrilité actuelle sur les marchés financiers s’explique par l’attentisme ostensiblement affiché par la banque centrale américaine – la Réserve fédérale. Lors de son discours devant le Sénat américain le 23 février dernier, le président de la Réserve fédérale Jerome Powell a confirmé n’avoir aucune intention de durcir sa politique monétaire pour l’instant. On commence toutefois à craindre que, en cas de croissance toujours forte de l’économie américaine au-delà de 2021, la Réserve fédérale ne doive alors précipiter d’autant plus ses mesures pour éviter la surchauffe. A cela s’ajoute une sous-estimation du rebond de l’économie américaine de la part de la Réserve fédérale qui anticipe une croissance de « seulement » 4,2 % aux Etats-Unis cette année. Ce chiffre nous semble très en-dessous de la réalité.
Après une décennie marquée par des taux d’intérêt très bas, une croissance économique mondiale médiocre et une quasi-stagnation des prix, l’environnement pourrait ne plus être comparable à celui que l’on a connu. Cela pourrait conduire à moyen terme à une modification en profondeur des comportements des entreprises et des investisseurs. Un environnement de marché de plusieurs années ne s’inverse cependant pas si facilement. Il est donc naturel que la Bourse connaisse une volatilité plus forte du prix des actions dans cette période de transition.
Le contexte actuel invite à la prudence. Chez Carmignac, nous avons réduit ces dernières semaines l’ensemble des risques dans nos portefeuilles. En revanche, nous conservons précieusement, aux côtés des valeurs qui profiteront de la réouverture des économies, les titres des entreprises pour lesquelles nous anticipons une forte croissance avec une très bonne visibilité sur leurs résultats, et qui sont capables de conserver leurs marges en période d’inflation en relevant leurs propres prix de vente lorsque leurs coûts augmentent (matières premières, salaires, loyers…).