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Vers un casse-tête du financement de l’AVS

Le Parlement se prononcera bientôt sur la manière de financer le versement de la 13e rente du premier pilier. Par Vincent Subilia

«En attendant que le gouvernement présente son projet pour assainir les finances du premier pilier, il conviendra de ne pas continuer à surcharger la barque, au risque de faire couler l’AVS.»
KEYSTONE
«En attendant que le gouvernement présente son projet pour assainir les finances du premier pilier, il conviendra de ne pas continuer à surcharger la barque, au risque de faire couler l’AVS.»
Vincent Subilia
Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG) - Directeur général
19 septembre 2024, 19h00
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Alors que les dépenses de l’AVS représentent aujourd’hui le plus gros poste du budget de la Confédération, ses coûts continueront à progresser au cours de ces prochaines années. Après les corrections apportées par l’Office fédéral des assurances sociales (Ofas), ces dépenses devraient atteindre un peu plus de 65 milliards de francs en 2033, alors qu’elles s’élevaient à 50 milliards en 2023.

Dans le même temps, le budget fédéral tend toujours plus vers le rouge. En conséquence, le Conseil fédéral a chargé un groupe d’experts d’évaluer les mesures qui peuvent être prises pour réduire les dépenses de la Confédération. Parmi les mesures présentées, il y a quelques jours seulement, les experts préconisent de couper dans l’AVS. Nul ne doute que cette recommandation ne fera que renforcer la volonté du Conseil fédéral, qui avait déjà exprimé sa volonté de réduire sa contribution de 20,2% à 19,5%.

Dès l’année prochaine, nous devrons donc nous atteler à résoudre l’équation suivante: hausse des charges de l’AVS, moins de personnes actives et une réduction de la contribution de la Confédération au premier pilier. L’introduction d’une 13e rente, prévue dès 2026, rajoutera un défi supplémentaire pour les finances.

Le 3 mars dernier, le peuple suisse acceptait en effet le versement d’une 13e rente AVS à l’ensemble des retraités suisses. Cette décision n’est pas sans conséquence puisque le texte de l’initiative restait muet sur le financement de la mesure, évaluée à 5 milliards de francs en 2030 (contre 4,2 milliards en 2026). Il convient désormais de trouver un moyen de la financer.

Il est réjouissant que le Conseil fédéral ait retenu la proposition de financement par la TVA défendue par les milieux économiques

Vincent Subilia

Dans sa prise de position à la consultation, la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève rejetait les propositions initiales du Conseil fédéral. Elle préconisait un financement de la 13e rente à travers une hausse de la TVA uniquement. Il est réjouissant que le Conseil fédéral ait retenu cette proposition défendue par les milieux économiques. Cette décision s’avère en effet être la plus juste car l’ensemble de la société y contribuera. Il est désormais de la responsabilité du Parlement, qui traitera le dossier dès la session de décembre, de valider ce choix.

Par ailleurs, la génération dite des «baby-boomers» arrivera prochainement à l’âge de la retraite. Combinée avec la 13e rente, cette arrivée massive de retraités fera exploser l’enveloppe de l’AVS. Parallèlement, le nombre de jeunes qui entrera sur le marché du travail diminuera. Bien que l’Ofas ait commis une erreur sur les projections pour les prochaines années, la donne ne change pas: les chiffres de l’AVS seront dans le rouge dès 2026.

Il va sans dire qu’au vu de ces éléments, la question de la répartition des charges de l’AVS occupera une place très importante ces prochaines années. En attendant que le gouvernement présente son projet pour assainir les finances du premier pilier, il conviendra de ne pas continuer à surcharger la barque, au risque de faire couler l’AVS.