Récemment, certains politiciens et médias font tapage sur le narratif de la soi-disant «surcapacité» de la Chine. Selon eux, il y aurait un dumping des véhicules électriques chinois à l’étranger et il conduirait à une «distorsion du marché». Mais est-ce vraiment le cas? Aujourd’hui, je voudrais partager mes points de vue sur la «surcapacité» en répondant à trois questions.
Est-ce que la Chine a trop produit dans le secteur des énergies nouvelles?
Pour une économie du marché, l’équilibre entre l’offre et la demande est relatif, alors que le déséquilibre est souvent normal. Une surcapacité apparue dans un secteur particulier pendant une certaine période est le résultat d’une combinaison de facteurs, tels que la concurrence des entreprises sur le marché et la fluctuation du cycle économique. Si ce phénomène économique normal était réduit à une»surcapacité«et que chaque pays ne produisait que des marchandises destinées à sa propre consommation, le commerce mondial cesserait d’exister.
Dans le contexte de la mondialisation, pour juger s’il existe ou pas une»surcapacité«dans un secteur, il faut prendre en considération la demande du marché mondial ainsi que son potentiel du développement à l’avenir. La question à laquelle le monde fait face actuellement n’est pas la surcapacité du secteur des énergies nouvelles, mais une pénurie grave. Selon l’Agence internationale de l’énergie, en supposant que tous les pays qui ont annoncé des engagements de neutralité carbone les honorent dans les délais, les ventes mondiales des véhicules à énergie nouvelle doivent atteindre 45 millions d’ici à 2030, soit 4,5 fois plus grande qu’en 2022 et la demande de nouvelles installations photovoltaïques sera 4 fois plus qu’en 2022.
Par conséquent, les technologies et produits chinois des nouvelles énergies représentent la capacité de production avancée très demandée pour promouvoir le développement vert, au lieu d’une»surcapacité«. Elle correspond aux demandes urgentes du marché mondial et apporte un soutien solide pour réaliser la transition verte et bas carbone à l’échelle mondiale.
Quels sont les avantages des produits chinois à énergies nouvelles?
En octobre dernier, la Commission européenne a ouvert une enquête antisubventions sur les véhicules électriques chinois, en prétendant que le gouvernement chinois subventionne largement les véhicules électriques et crée des distorsions du marché. C’est le pur et simple deux poids deux mesures. Selon un article publié dans la Neue Zürcher Zeitung, une étude de l’Université de Saint-Gall montre que, depuis le début de l’année 2023, les subventions accordées par les Etats-Unis et les pays de l’Union européenne (UE) étaient respectivement 539 milliards et 571 milliards de dollars, qui sont largement supérieures à celle accordée par la Chine. Si les produits chinois à énergies nouvelles sont relativement compétitifs, c’est principalement grâce aux planifications des industries concernées et aux investissements à long terme dans la recherche et le développement, ce qui conduit finalement aux avantages technologiques.
Pour donner un exemple, le coût de production moyen des batteries au lithium en Chine est inférieur d’environ 40% à celui aux Etats-Unis et en Europe, tandis que le coût de fabrication des modules photovoltaïques est inférieur d’environ 50%. Ces avantages sont le fruit d’une pleine concurrence dans le marché, et non de subventions gouvernementales.
Il est injuste de parler de marché libre lorsqu’il y a un avantage concurrentiel et de faire du protectionnisme lorsqu’il n’y en a pas
Wang Shihting
Le secteur chinois des énergies nouvelles porte-t-il atteinte à l’économie mondiale et aux intérêts des autres pays?
Ces dernières années, des produits chinois fiables et compétitifs ont enrichi l’offre mondiale, atténué les pressions inflationnistes et contribué de manière tangible à la lutte contre le changement climatique et à la promotion de la transformation verte et bas carbone. Selon beaucoup d’entreprises et de responsables des associations professionnelles européens, l’entrée des véhicules à énergie nouvelle chinois dans le marché local baisse non seulement le prix des véhicules de ce genre, mais encourage également l’innovation du secteur, ce qui apporte du bénéfice aux consommateurs et au secteur entier.
En 2023, la Chine a contribué à plus de moitié des 510 millions de kilowatts d’énergies renouvelables installées dans le monde. Les produits chinois liés à l’électricité éolienne et photovoltaïque sont exportés à plus de 200 pays. Les rapports sur ce sujet des organisations internationales révèlent que durant la décennie passée, les coûts mondiaux de la production d’énergie éolienne et photovoltaïque ont diminué respectivement de près de 60% et 80%. Une grande partie de cette baisse était due au secteur chinois des énergies nouvelles.
Dans le contexte actuel où il existe une pénurie mondiale de capacité de production de haute qualité et une demande à la hausse des énergies nouvelles, le développement du secteur de ces énergies dans le monde doit ressembler à une compétition d’athlétisme où l’on se surpasse et progresse ensemble, et non à un combat féroce où il n’y a qu’un seul gagnant. Il est injuste de parler de marché libre lorsqu’il y a un avantage concurrentiel et de faire du protectionnisme lorsqu’il n’y en a pas.
Dans le domaine de la coopération dans le secteur des énergies nouvelles, la Chine et la Suisse, tout comme la Chine et l’Europe, doivent et peuvent tout à fait être partenaires, afin d’apporter de bénéfices tangibles aux deux peuples et de fournir des énergies inépuisables pour promouvoir le développement durable et la transition verte et bas carbone.