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Politique industrielle, le verre à moitié vide ou à moitié plein

Le Conseil fédéral a raison de ne pas se lancer dans la course aux subventions de l’économie. Mais cela ne signifie pas qu’il doive rester inactif. Par Philippe Miauton

Le Conseil fédéral (ici Guy Parmelin) estime que la Suisse propose d’excellentes conditions cadre dans de nombreux domaines.
KEYSTONE
Le Conseil fédéral (ici Guy Parmelin) estime que la Suisse propose d’excellentes conditions cadre dans de nombreux domaines.
Philippe Miauton
Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) - Directeur
24 mai 2024, 14h00
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Sans surprise, le gouvernement suisse ne se laisse pas bercer par les sirènes d’une politique industrielle. Mercredi, le Conseil fédéral, sur la base d’un rapport, a estimé que l’économie helvétique se portait bien et que le protectionnisme et les dépenses des pays étrangers n’avaient que peu d’influences négatives sur notre tissu économique. Laissons-lui le bénéfice du doute.

Vision libérale et politique industrielle, on le sait, ne font pas bon ménage. Distorsion de la concurrence et des allocations, privilèges à certaines branches, prolongement de l’agonie des entreprises les moins performantes seraient au rendez-vous du carrefour des politiques industrielles. Le Conseil fédéral reste donc fidèle à ses principes. Il estime en outre que la Suisse propose d’excellentes conditions cadre dans de nombreux domaines. Circulez donc, il n’y a rien à voir, la résilience de l’économie à toutes les précédentes crises en bandoulière.

Les entreprises ne cherchent pas à tout prix des subventions. En revanche, elles attendent des conditions cadre compétitives

Philippe Miauton

Des voix s’élèvent toutefois. S’arc-bouter contre de telles politiques au nom du libéralisme alors que tous les autres pays subventionnent à tour de bras semble obtus. Car les entreprises ne cherchent pas à tout prix des subventions. En revanche, elles attendent des conditions cadre compétitives. Bien plus qu’à l’échelon fédéral, c’est dans les cantons que les attentes sont légitimes.

Tandis que les nouvelles normes mondiales de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) tendent à lisser la fiscalité des entreprises, ce sont d’autres critères qui prévalent. Et malheureusement, l’abondance de lois et de complexité rend l’entrepreneuriat de plus en plus compliqué. Constructions, coûts de l’électricité, charges salariales, pénurie de main-d’œuvre: les conditions-cadres ne sont pas toujours au rendez-vous. Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre ce qui est survenu du côté de Vetropack lorsqu’elle annonce que son site n’était plus compétitif. Des salaires élevés, une énergie hors de prix et des investissements importants ont eu raison de cette industrie.

Une politique industrielle n’est pas nécessaire lorsque les conditions cadre sont bonnes. Inutile de faire comme la France qui dope artificiellement son attractivité pour compenser l’enfer législatif et fiscal qui y règne. En contrepartie, il convient de maintenir la meilleure lisibilité dans la marche des affaires. Que faisons-nous contre le démarchage étranger d’entreprises qui règne aujourd’hui? Que faisons-nous contre l’augmentation endémique des charges salariales pour financer toutes les politiques publiques? Comment favorisons-nous les investissements publics et privés dans les entreprises innovantes? Rien!

Le Conseil fédéral a bien raison de se concentrer sur les accords bilatéraux avec l’Union européenne (UE), qu’il a au demeurant laissé traîner. Les cantons, notamment romands, doivent quant à eux impérativement créer un contexte favorable pour les entreprises. Sans quoi, nous serons dans la même situation que les pays qui nous entourent et notre vision libérale n’aura servi à rien.