• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

Dépense publique: le compte n’est pas bon!

Les compteurs s’affolent. La liste des dépenses putatives à venir ne cesse de s’allonger et la note va s'alourdir. Par Philippe Miauton

Pour la grande argentière Karin Keller-Sutter, le rouge et l’endettement ne sont pas une option.
KEYSTONE
Pour la grande argentière Karin Keller-Sutter, le rouge et l’endettement ne sont pas une option.
Philippe Miauton
Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) - Directeur
05 avril 2024, 14h00
Partager

Il y a d’abord les charges qui sont la suite logique des décisions du peuple. Une 13e rente AVS représente un débours de 5 milliards de francs. Il y a d’ailleurs quelque chose de touchant à voir après coup une partie de la population s’étonner du constat qu’il y aura une facture à payer… Et déjà, certains fomentent une 13e rente également pour l’assurance invalidité (AI), représentant 470 millions.

L’initiative pour les primes maladie, si elle est votée le 9 juin, pourrait se traduire pour la Confédération et les cantons par des coûts supplémentaires estimés par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) entre 3,5 et 5 milliards de francs. Vraiment? Vaud connaît déjà cette mesure. Résultat: environ 900 millions de francs. Si l’on considère que ce canton représente 10% de la population helvétique, on peut raisonnablement imaginer que le coût national s’approchera plutôt des 9 milliards. Les réflexions sur le 2e pilier, les réformes pour les couples mariés – et j’en passe – augmenteront irrémédiablement la note. Reste enfin le cas des finances de l’armée qui déchaîne les passions. Les idées foisonnent: augmentation de la TVA ou de l’impôt sur le bénéfice…

«Economie, économie et économie», répond la grande argentière fédérale, le Covid étant passé par là. Le rouge et l’endettement ne sont pas une option. A regarder la France et son «quoi qu’il en coûte», cette rigidité suisse est plutôt rassurante. D’aucuns se demandent désormais si notre voisin n’est pas au bord de la faillite, dans l’attente des notations de mai. Il faut dire que la dette nette des administrations publiques d’outre-Jura s’élève à près de 3000 milliards quand bien même ce pays est le champion des prélèvements obligatoires. Rien n’y fait, la France dépense davantage qu’elle ne collecte. Karin Keller-Sutter ne le dit pas autrement: nous n’avons pas un problème de recettes, mais de dépenses.

Dans le cas vaudois, c’est aujourd’hui la soupe à la grimace: un premier compte «déficitaire» depuis 18 ans et tout le monde s’affole

Philippe Miauton

A l’autre bout du pays, dans le canton de Genève, malgré une dette de 10,6 milliards de francs, le Conseil d’Etat prend des mesures drastiques pour le pouvoir d’achat des Genevois. A la faveur d’un excédent de 1,4 milliard, et dans un élan ressemblant au compromis dynamique du tandem Broulis-Maillard, le canton du bout du lac va proposer une baisse d’impôt accompagnée d’une gratuité des transports publics pour les moins de 25 ans. Le gouvernement a donc décidé de faire profiter la population d'une partie de ces bons résultats. C’est ce qu’aurait dû faire le canton de Vaud ces dix dernières années au vu des excédents engrangés à répétition.

Dans le cas vaudois, c’est aujourd’hui la soupe à la grimace: un premier compte «déficitaire» depuis 18 ans et tout le monde s’affole. Sa dette se situe pourtant en dessous du milliard. Mais ses dépenses gonflent, là aussi, malgré une grande progression des recettes. A l’heure où le pouvoir d’achat est sur toutes les lèvres, Vaud serait bien inspiré, avant de continuer à prélever à tout-va pour redistribuer coûteusement, de commencer par laisser plus d’avoirs aux contribuables et aux entrepreneurs au travers de l’outil de travail. Une somme qui permettrait de payer certaines augmentations.

Il faudra aussi, à l’image de la Confédération, réfléchir à déterminer des priorités sans quoi la compétitivité sera en berne. Finalement, le dernier mot reviendra à sa population puisqu’une initiative «Baisse d’impôt pour tous» est pendante pour faire respirer les contribuables vaudois.