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Le canton de Neuchâtel a lui aussi besoin d’une relation fluide avec l’UE

Canton parmi les plus exportateurs de Suisse, Neuchâtel vend beaucoup à l’Europe. Par Florian Németi

«Avec un marché du travail local en manque de personnel dans plusieurs secteurs, l’économie neuchâteloise a absolument besoin de la main-d’œuvre frontalière.» (photo de la ville du Locle).
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«Avec un marché du travail local en manque de personnel dans plusieurs secteurs, l’économie neuchâteloise a absolument besoin de la main-d’œuvre frontalière.» (photo de la ville du Locle).
Florian Németi
Chambre neuchâteloise du commerce et de l'Industrie - Directeur
10 octobre 2024, 15h00
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Depuis mars 2024, le dossier de la relation bilatérale entre la Suisse et l’Union européenne (UE) est remonté sur le sommet de la pile, après une période de léthargie. Il était temps! Or, si les arguments politiques des partisans et des opposants sont largement débattus, le sort économique des régions en Suisse, en cas d’échec de ces accords, l’est beaucoup moins. Pourtant, pour le citoyen lambda qui pourrait être appelé à voter sur ce sujet in fine, la contextualisation locale de cette problématique aurait une résonance plus concrète.

Car l’importance d’avoir du personnel frontalier dans les magasins et les hôpitaux ou le départ d’une usine, qui veut garder un accès simplifié à ses clients européens, sont plus parlants que les grands principes de protection du marché du travail, de souveraineté démocratique ou d’indépendance économique.

Il ne s’agit pas de faire du catastrophisme à deux sous. Le citoyen ne tombe pas dans ce genre de panneaux. Il convient simplement d’expliquer, de façon factuelle, en quoi de nombreux cantons ont besoin d’une relation apaisée et fluide entre la Suisse et l’UE pour assurer le bon fonctionnement de leur économie et de leur système de santé. Et donc pour encaisser les recettes fiscales et les taxes nécessaires à financer leurs prestations publiques et leurs infrastructures.

L’exemple de Neuchâtel illustre bien cette situation. Se situant parmi les cantons les plus exportateurs de Suisse, Neuchâtel vend beaucoup à l’Europe. Dans ces conditions, toute entrave aux échanges avec l’UE pose rapidement des problèmes aux entreprises, on le voit avec le secteur des medtechs depuis le non-renouvellement de l’accord de reconnaissance mutuel des dispositifs médicaux en 2022.

Avec un marché du travail local en manque de personnel dans plusieurs secteurs (industrie, commerce, santé, hôtellerie), l’économie cantonale a absolument besoin de la main-d’œuvre frontalière – plus de 16.000 personnes en juin 2024 – et donc d’une circulation fluide des personnes avec l’UE.

En tant que base de production industrielle importante, avec plus de 35% de l’emploi dans ce secteur, le canton doit pouvoir compter sur un approvisionnement énergétique sûr et avantageux. Celui-ci deviendrait pourtant incertain et coûteux en cas d’absence d’accord sectoriel sur l’électricité entre la Suisse et l’UE.

Enfin, en plus de leur forte contribution à l’exportation, les multinationales présentes à Neuchâtel jouent aussi un rôle essentiel pour l’ensemble du marché «intérieur» cantonal, en générant une demande importante pour des secteurs non-exportateurs, comme la construction, le second œuvre ou l’hôtellerie-restauration. Or, leur présence dans le canton reste tributaire d’un accès sûr et stable à l’UE.

Ne perdons donc pas de vue ce qui se peut se passer, de façon très concrète, pour l’économie dans nos régions

Florian Németi

Pour chacun des points énumérés ci-dessus, une dégradation marquée de la relation bilatérale conduirait à un affaiblissement de l’économie neuchâteloise, mais aussi à une perte d’attractivité de celle-ci, en particulier aux yeux des entreprises en mesure de mener leurs activités sur différents sites en Europe. Le canton perdrait alors sans nul doute des emplois, des investissements et des revenus privés et publics, sans grande possibilité de parade.

Dans le débat sur les Bilatérales, ne perdons donc pas de vue ce qui peut se passer, de façon très concrète, pour l’économie dans nos régions. Car, aux yeux du citoyen votant, c’est bien cet aspect, plus proche de son quotidien, qui pourrait faire la différence!