LA CHRONIQUE DU CLUB DIPLOMATIQUE DE GENÈVE
«Nous sommes à un tournant de l’histoire… celui du délitement ou celui du sursaut.» C’est en ces termes alarmants que le secrétaire général des Nations unies António Guterres a interpellé en septembre 2021 la communauté mondiale afin que celle-ci se mobilise en faveur d’un nouveau consensus international visant à améliorer le présent et à préserver l’avenir.
Le Sommet de l’avenir, qui a réuni les représentants des Etats membres des Nations unies en ouverture de la 79e Assemblée générale à New York, il y a un peu plus d’un mois, avait pour ambition de répondre à cet appel. Le sommet rassembla les dirigeants des Etats, mais il fut précédé par des nombreuses consultations des gouvernements, de la société civile, de la jeunesse et du secteur privé. Il en résulta l’adoption par consensus d’un Pacte pour l’avenir, un document certes non contraignant, mais qui a le mérite de remobiliser et de responsabiliser les gouvernements en faveur de la coopération multilatérale, du développement durable, de la paix et de la sécurité et des droits humains. On relèvera que la Russie s’était efforcée de bloquer l’adoption de ce document, mais elle n’a pas été suivie par la vaste majorité des délégations.
Le Pacte est divisé en cinq chapitres et contient 56 mesures qui ne peuvent évidemment être détaillées ici. En annexe de celui-ci figurent un Pacte numérique mondial et une Déclaration sur les générations futures. Au titre du développement durable et du financement du développement, les Etats s’engagent notamment à «prendre des mesures audacieuses, ambitieuses, rapides, justes et transformatrices pour réaliser le Programme 2030» et à «combler le déficit de financement des Objectifs de développement durable (ODD) dans les pays en développement».
S’agissant de la paix et de la sécurité internationales, ils réaffirment la primauté de l’Etat de droit au niveau international conformément à la Charte de l’ONU, la nécessaire protection des populations civiles en temps de conflits armés, les urgences humanitaires, mais aussi l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires.
L’ambition de rendre l’ONU plus agile, plus réactive et plus résiliente impactera nécessairement la Genève internationale
Ulrich Lehner
Au chapitre des sciences, de la technologie et de l’innovation et de la coopération numérique, le Pacte rappelle la nécessité de partager leurs bienfaits et de combler le fossé croissant au sein des pays et entre les pays développés et ceux en développement. Les jeunes et les générations futures font l’objet d’un chapitre dans lequel il est affirmé que la prise actuelle de décisions et l’élaboration de politiques doivent davantage tenir compte des besoins et de l’intérêt des générations à venir.
Enfin, en voulant imposer une transformation de la gouvernance mondiale, les Etats entendent redonner confiance dans les institutions mondiales en réformant notamment le Conseil de sécurité et l’architecture financière internationale.
L’ambition de rendre l’ONU plus agile, plus réactive et plus résiliente impactera nécessairement la Genève internationale où siègent nombre d’organisations responsables des enjeux mentionnés plus haut.
La réalisation de ce Pacte sera évaluée lors de la 83e assemblée générale. Il appartiendra aux citoyens de chaque pays, et notamment à la société civile, de veiller à ce que leurs gouvernants soient à la hauteur de leurs engagements.