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Infrastructures sous l’eau

Cet été, la nature a repris ses droits et le constat est douloureux. Que faire pour renforcer routes et rails? Par Philippe Miauton

«Les rivières et le Rhône sont sortis de leur lit avec les dégâts que l’on constate.»
KEYSTONE
«Les rivières et le Rhône sont sortis de leur lit avec les dégâts que l’on constate.»
Philippe Miauton
Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) - Directeur
10 juillet 2024, 15h00
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Le ciel nous est littéralement tombé sur la tête. Les rivières et le Rhône sont sortis de leur lit avec les dégâts que l’on constate. Des morts, des inondations, des familles les pieds dans l’eau, déplacées ou momentanément coupées du monde: la nature a repris ses droits et le constat est douloureux.

En marge de ces drames personnels, des zones industrielles entières n’ont plus que les yeux pour pleurer. Paradoxalement, certaines industries s’étaient installées il y a fort longtemps au bord du Rhône pour profiter des forces de cette eau. Le site de Sierre a ainsi été particulièrement touché. Aujourd’hui, la boue a tout souillé. Machines enraillées, matériel perdu et sous-sols remplis d’électronique et de serveurs embourbés devenus inutilisables.

Il est encore trop tôt pour savoir quand le travail de production pourra reprendre. Comment, dans ces conditions, répondre aux commandes? Faudra-t-il passer par des RHT (réductions de l'horaire de travail)? L’économie n’avait évidemment pas besoin de cela, touchée qu’elle est par les pressions sur les coûts, le manque de main-d’œuvre et une ribambelle de défis.

Les infrastructures souffrent d’une atrophie coupable en Suisse romande

Philippe Miauton

Cette petite catastrophe nous rappelle aussi combien nous sommes dépendants de nos infrastructures. Un grain de sable et c’est tout le système qui est grippé. Ce d’autant plus lorsque ces infrastructures souffrent déjà d’une atrophie coupable en Suisse romande. Coupable parce que les autorités n’ont pas adapté nos structures aux besoins d’une économie et d’une population qui évoluent et, dans le cas présent, à une nature qui évolue.

Il y a quelques semaines, la décision fracassante du Conseil d’Etat valaisan de lâcher le projet de la troisième correction du Rhône, fruit d’un travail de nombreuses années, en est symptomatique. Mais nous pourrions en citer d’autres, comme les atermoiements de la gare de Lausanne ou le référendum contre l’adaptation de quelques tronçons d’autoroute – pourtant au même format qu’il y a 60 ans – entre Nyon et le Vengeron.

Notre manque d’ambition et de lobbying romand à Berne conduit à d’amers constats. Dernièrement, la Suisse romande a compris que son réseau ferroviaire verra ses trains circuler plus lentement qu’outre-Sarine et que les «horaires de chantiers» seront la référence cette prochaine décennie. Pour éviter d’accumuler les retards dans le développement nécessaire à l’Arc lémanique large, une prise de conscience politique et des efforts importants s’imposent. Sans quoi nos infrastructures continueront d’être, au sens propre comme littéral, sous l’eau.