Le 22 mars dernier, ce journal publiait mon article intitulé «Peut-on garder confiance dans l’avenir?» J’y relevais notamment que la pauvreté extrême recule, que la santé humaine s’améliore, que le taux d’alphabétisation augmente et que le monde est de plus en plus égalitaire, quoi qu’en pensent certains. Je soulignais aussi que, face aux défis actuels et futurs, il convient de faire preuve d’une confiance réaliste. Les problèmes existent et persistent, mais le monde ne saurait être réduit et résumé à leur seule présence. L’essentiel réside dans la perspective que nous choisissons d’adopter. Ces constats s’appuyaient, entre autres, sur l’ouvrage stimulant de Nicolas Bouzou, La civilisation de la peur. Pourquoi et comment garder confiance dans l’avenir.
Je me permets ce rappel pour mettre l’article précité en lien avec un ouvrage récent: Not the end of the world – How we can be the first generation to build a sustainable planet, rédigé par Hannah Ritchie, jeune scientifique écossaise spécialisée dans l’analyse des données. Elle travaille comme chercheuse à l’Université d’Oxford au sein de l’Oxford Martin School et est rédactrice adjointe d’Our World in Data, la plateforme de données en ligne affiliée à l’Université d’Oxford. Elle publie dans The Economist et le Financial Times.
Le réchauffement climatique, la déforestation, la pollution de l’air et l’effondrement des écosystèmes engendrent de nombreuses angoisses, notamment au sein de la jeunesse, à tel point que le fait d’avoir des enfants est de plus en plus remis en cause par les jeunes générations. Hannah Ritchie était d’ailleurs, elle aussi, convaincue «que la plupart d’entre nous allions mourir à cause de la crise climatique». Suite à ses nombreuses recherches, elle est arrivée à la conclusion qu’elle «avait complètement tort».
Avant l’an 1800, près de la moitié des enfants mourraient avant d’atteindre l’âge de 5 ans en raison notamment, de la malnutrition et des maladies infectieuses
Olivier Sandoz
Elle souligne que la situation mondiale, loin de se détériorer, s’améliore. Avant l’an 1800, près de la moitié des enfants mourraient avant d’atteindre l’âge de 5 ans en raison notamment, de la malnutrition et des maladies infectieuses. Depuis, l’innovation et l’industrialisation ont fait chuter la mortalité infantile. Elle démontre, chiffres à l’appui, que l’air respiré en France, comme en Chine, est moins pollué que celui qui noircissait les poumons des générations précédentes, de même que notre empreinte carbone individuelle se réduit depuis de nombreuses années.
Précisons que Hannah Ritchie n’est pas une illuminée qui nie la réalité des changements climatiques, bien au contraire. Elle considère que nous avons les moyens technologiques pour faire face aux défis écologiques, sans viser une décroissance illusoire.
Alors que nous vivons une période pleine d’incertitudes et de craintes, les deux ouvrages précités permettent de s’éloigner quelque peu du pessimisme ambiant et nous donnent, sans conteste, des raisons d’espérer.