La Suisse a mis en place un système d’assurances sociales à trois piliers qui a fait ses preuves et qui est fréquemment cité en exemple au sein de diverses organisations internationales. C’est un mélange savamment dosé de répartition, de capitalisation et d’épargne privée, sans oublier les prestations complémentaires en cas de nécessité.
Ce système est néanmoins remis en question par ceux qui rêvent de mettre un terme à la capitalisation en transférant les fonds du deuxième pilier dans ceux du premier et par ceux qui souhaitent privilégier le troisième pilier. En d’autres termes, certains milieux, complètement opposés au niveau politique, se rejoignent pour remettre en cause un élément fondamental permettant d’assurer la cohésion sociale.
Notre système de sécurité sociale doit cependant évoluer, notamment compte tenu des évolutions démographiques et sociétales. La réforme fiscale et financement de l’AVS (RFFA) devait permettre de stabiliser la situation financière de cette dernière à moyen terme.
Du point de vue de l’économie, il est fondamental d’éviter l’augmentation du coût du travail
Olivier Sandoz
L’acceptation récente d’une treizième rente qui entraînera des dépenses annuelles supplémentaires d’environ 5 milliards de francs à partir de 2030 ne facilite pas les choses. La question du financement de cette rente supplémentaire est centrale. Les discussions sont en cours et différentes pistes évoquées: hausse de la TVA, couplée ou non avec une hausse des cotisations salariales ou, comme le propose la commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national, pas de plan de financement avant l’élaboration de la prochaine réforme de stabilisation de l’AVS en 2026. Du point de vue de l’économie, il est fondamental d’éviter l’augmentation du coût du travail.
Pour ce qui est du deuxième pilier, il faut relever le rapport publié très récemment par la commission de haute surveillance de la prévoyance professionnelle qui, en résumé, en arrive à la conclusion que les caisses de pension font du bon travail et que la situation financière des institutions de prévoyance suisses a de nouveau évolué de manière globalement positive en 2023.
Le deuxième pilier, tout comme le premier, doit évoluer. La réforme LPP21 est indispensable dans une optique de consolidation et d’adaptation à l’évolution du marché du travail et de la société. Elle permettra notamment de mieux tenir compte des temps partiels et de couvrir les bas revenus, tout en abaissant le taux minimum de conversion avec des mesures compensatoires.
Notre système de sécurité sociale est solide et efficace. Il doit évoluer de façon pragmatique, à l’abri de considérations idéologiques et sans pénaliser les entreprises.