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Dans les universités, des manifestations aberrantes

Par vocation, les locaux universitaires sont un sanctuaire de la pondération. On s’interroge sur la façon des étudiants de manifester leur indignation au sujet de Gaza. Par Jacques Neirynck

«La revendication principale est de rompre la collaboration des universités suisses avec leurs homologues israéliennes. Or celles-ci ne sont ni responsables, ni complices de Gaza, bien au contraire.»
KEYSTONE
«La revendication principale est de rompre la collaboration des universités suisses avec leurs homologues israéliennes. Or celles-ci ne sont ni responsables, ni complices de Gaza, bien au contraire.»
Jacques Neirynck
Ancien conseiller national
13 mai 2024, 15h00
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Par contaminations successives, le mouvement parti des Etats-Unis, transitant par la France a abouti en Suisse: quelques centaines d’étudiants occupent les locaux universitaires pour protester contre ce qui se passe à Gaza. On conçoit leur indignation; on s’interroge sur leur façon de la manifester, sur l’occasion, le lieu et la manière.

L’occasion: pourquoi manifester avec cette virulence pour Gaza et ne l’avoir pas fait lors du massacre de civils israélien par le Hamas? Pourquoi ne jamais manifester contre l’oppression des Ouïghours par la Chine? Pourquoi ignorer les agressions de la Russie? Pourquoi cette indignation sélective? On en suspecte la raison de plus en plus: Israël est considérée par les manifestants comme une colonie où les arrivants juifs oppriment la population autochtone, les Palestiniens. Gaza est déchiffré comme une agression de l’Occident. Ce qui émeut les étudiants, c’est leur culpabilité d’en faire partie, l’anathème du colonialisme passé, la tentative de s’en innocenter, de se faire une bonne conscience en empilant des sacs de couchage dans le hall d’un bâtiment universitaire.

Le lieu pose donc un problème: l’université est un lieu dédié à l’étude, à l’enseignement, à la recherche. Le contraire de l’idéologie, de l’esprit partisan, de la violence sous toutes ses formes, même bénignes comme la violation de domicile. Par vocation, les locaux universitaires sont un sanctuaire de la pondération, de l’écoute de l’autre, de l’introspection critique de son propre comportement.

Si des jeunes veulent s’engager pour la paix dans le monde, la meilleure façon de s’y préparer est d’étudier sérieusement pour s’inscrire ensuite dans une organisation humanitaire

Jacques Neirynck

La manière, car la revendication principale est de rompre la collaboration des universités suisses avec leurs homologues israéliennes. Or celles-ci ne sont ni responsables, ni complices de Gaza, bien au contraire. Elles ne peuvent être tenues pour responsables de la politique menée par un gouvernement d’extrême droite; elles doivent être soutenues pour remplir leur fonction en Israël, par l’introduction d’une rationalité qui fait cruellement défaut. Le monde universitaire est par définition planétaire: il ne dépend pas des frontières, des langues, des religions, des opinions. Il est engagé dans un projet séculaire et universel qui dépasse toutes les querelles politiques.

La contradiction inextricable de ce conflit est la présence de deux peuples dans un seul pays. Les Palestiniens y vivent depuis des siècles, les Juifs depuis un seul. Ils n’y sont pas venus dans un esprit de colonisation mais pour fuir le reste du monde qui les persécutait. Ce sont des réfugiées, pas des oppresseurs. Les Palestiniens ne sont pas des terroristes, hormis une minorité. S’exalter de dormir dans un bâtiment universitaire suisse ne va rien changer à cette situation tragique. C’est inutile, dérisoire, à la limite odieux.

Si des jeunes veulent s’engager pour la paix dans le monde, la meilleure façon de s’y préparer est d’étudier sérieusement pour s’inscrire ensuite dans une des innombrables organisations humanitaires. Cela seul sera gratifiant et efficace. Comment expliquer que les deux écoles polytechniques fédérales se sont débarrassées du problème par la simple menace de la force? Qu’est-ce que cela dit sur la différence de projet entre les études d’ingénieur et de sociologue?

Commentaires 1

tout à fait d'accord

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Anne Marie Grand d Hauteville Ortiz
14.05.2024