La COP28 à Dubaï a marqué un tournant en adoptant pour la première fois un objectif de transition hors des énergies fossiles. Faute de calendrier contraignant, cet engagement reste à l’état de principe, risquant d’être peu suivi d’effets. Les cibles fixées pour tripler les capacités mondiales en énergies renouvelables et doubler l’efficacité énergétique d’ici 2030 sont également ambitieuses, mais, sans mécanismes de suivi clairs, leur réalisation pourrait être compromise. Et ce considérant que les prévisions actuelles estiment un réchauffement entre 2,1 °C et 2,8 °C d’ici 2100!
La création d’un fonds pour les pertes et préjudices, destiné à compenser les pays les plus vulnérables face aux impacts climatiques avec un financement initial de 700 millions de dollars demeure bien en deçà des milliards nécessaires pour répondre aux besoins réels. Cet écart souligne un besoin urgent d’engagement plus ferme de la finance mondiale, notamment privée, pour soutenir les projets d’adaptation dans les pays les plus exposés. La finance privée doit jouer un rôle clé pour pallier le manque actuel, en structurant des financements adaptés aux projets climatiques, souvent perçus comme risqués ou peu rentables.
La COP29, qui vient de s’ouvrir à Bakou, doit faire progresser cet engagement financier. Parmi les priorités, la définition d’un nouvel objectif collectif de financement climatique (NCQG) pour remplacer l’engagement des 100 milliards USD par an. Ce nouvel objectif vise à corriger le déséquilibre actuel, où la majorité des fonds va à la réduction ou atténuation des émissions, au détriment de l’adaptation. Pour combler ce fossé, les acteurs financiers privés sont appelés à s’engager davantage et à dépasser les freins traditionnels, en intégrant pleinement les critères dans leurs investissements climatiques.
En parallèle, l’opérationnalisation de l’article 6 de l’Accord de Paris, régissant les échanges de crédits carbone, est une autre approche d’une forme de «droit de polluer»! Ces échanges doivent répondre à des standards rigoureux pour garantir leur impact réel. La finance peut jouer ici un rôle fondamental, non seulement en soutenant des infrastructures de traçabilité efficaces, mais aussi en s’assurant que les crédits échangés contribuent bien à des réductions réelles d’émissions mesurables.
L’élection de Trump ouvre la voie à un potentiel retrait américain de l’Accord de Paris, un signal qui pourrait inciter d’autres pays à suivre, menaçant ainsi l’unité mondiale?
Olivier Ferrari
Un autre enjeu de la COP29 sera d’encourager les acteurs non étatiques — entreprises, villes, ONG — à s’engager concrètement dans la lutte climatique. Le Global Climate Action Portal (GCAP) centralise leurs engagements, mais ses outils de suivi nécessitent des améliorations pour garantir l’impact réel de ces actions. La finance privée, par ses stratégies d’investissement et des produits financiers innovants, pourrait maximiser ces initiatives non étatiques en facilitant leur financement.
Dans ce contexte marqué par des catastrophes climatiques croissantes, la COP29 devra s’assurer que les engagements financiers ne se limitent pas aux promesses. La transition énergétique et l’adaptation nécessitent des mécanismes financiers solides, concrets et adaptés aux risques climatiques, pour transformer les objectifs de Bakou en actions réelles au bénéfice des plus vulnérables. Et ceci sans compter que l’élection de Trump ouvre la voie à un potentiel retrait américain de l’Accord de Paris, un signal qui pourrait inciter d’autres pays à suivre, menaçant ainsi l’unité mondiale?