Dominique de Villepin a énoncé une règle d’or: «S’il n’y a pas de solution, cela signifie qu’il n’y a pas de problème.» L’impuissance réelle du politique peut être dissimulée par un déni de réalité.
La COP29 s’est achevée il y a dix jours à Bakou. La transition climatique s’accélère, comme on ne peut éviter de s’en apercevoir en consultant la météorologie, allant de la tornade à l’inondation et à la sécheresse. Il n’y a pas seulement des dégâts matériels, mais à Valence on a dépassé les 200 morts.
La production mondiale de CO2 ne cesse d’augmenter au rythme de 2,5% par an. On n’atteindra pas l’objectif d’une croissance de la température limitée à 1,5 degré, parce qu’elle est déjà atteinte. On vise maintenant 2 degrés en désespoir de cause.
La COP crée l’impression de chercher une solution qui n’existe pas, car elle supposerait des choix de sobriété, dont les peuples ne veulent pas
Jacques Neirynck
La gestion de ce défi est l’affaire de la COP, depuis la première en 1995 à Berlin jusqu’à la 29e à Bakou. Elle crée l’impression de chercher une solution qui n’existe pas, car elle supposerait des choix de sobriété, dont les peuples ne veulent pas.
La COP, conçue à l’origine pour décarboner l’industrie, s’est donc convertie dans l’aménagement de la croissance du CO2 en palliant ses effets. C’est le résultat de Bakou: 300 milliards de dollars par an versés en principe par les pays développés à ceux qui ne le sont pas. Pour pallier les effets du réchauffement et décarboner. Ce dernier objectif n’a pas de sens puisque les pays riches sont les véritables pollueurs: Chine 32% des 41,6 milliards de tonnes, Etats-Unis 13%, Union européenne 7%. Tout l’argent disponible devrait en priorité être investi là où le problème est le plus important et non dans des pays qui polluent très peu.
Ce non-sens obscurcit les termes du débat en le focalisant sur un faux problème pour dissimuler que l’on n’aborde pas le véritable: comme il ne possède pas de solution, il faut faire oublier jusqu’à son existence. Les 300 milliards annuels agités ne sont même pas garantis: il faudra les mendier auprès des Etats riches et du privé. Les pays les plus pauvres de la planète et les îles du Pacifique, des Caraïbes ou d’Afrique demandaient le double, voire plus encore. Cela ressemble à une scène de comédie entre un mendiant et un radin.
Aucune réunion de diplomates ne forcera la Chine à se plier à une règle universelle. Puisque les puissants n’en veulent pas, il ne sert à rien de se réunir pour bavarder au lieu de régir le plus urgent des problèmes politique, qui conditionne la survie de notre espèce.
Il n’y aura de solution au réchauffement climatique que dans la mesure où une instance de pouvoir peut prendre des décisions et les faire appliquer sur tous les pays.
Les multiples COP sont non seulement inutiles mais nuisibles, car elles laissent croire qu’une action est entreprise alors qu’il s’agit d’un ballet de diplomates.
«Si j’étais prince ou législateur, je ne perdrais pas mon temps à dire ce qu’il faut faire; je le ferais, ou je me tairais.» (Jean-Jacques Rousseau). Si les princes ne veulent ou ne peuvent rien faire, pourquoi payer des diplomates à jouer la comédie. Car le temps mentionné n’est pas celui des princes mais celui de tous: plus on tergiverse, plus cela se complique et coûtera cher. L’honnêteté politique requiert d’avouer que le problème est insoluble et qu’il empire.