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Comment répondre au grand rétropédalage sur la voiture électrique

Les consommateurs retournent vers les véhicules thermiques. Ils devraient pourtant être incités à s’en détourner. Par René Longet

«Les bornes de recharge manquent et le fléchissement de la demande en véhicules électriques n’encourage pas à en installer.»
KEYSTONE
«Les bornes de recharge manquent et le fléchissement de la demande en véhicules électriques n’encourage pas à en installer.»
René Longet
Expert en développement durable
01 juillet 2024, 15h00
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La voiture électrique a mauvaise presse. Le rythme des ventes ralentit et les industriels ne savent plus à quel saint se vouer, tant les citoyens consommateurs sont fluctuants dans leurs choix. Divers groupes du parlement européen souhaitent revenir sur l’interdiction du moteur à explosion pour 2035. Les bornes de recharge manquent et le fléchissement de la demande en véhicules électriques n’encourage pas à en installer.

Des polémiques apparaissent sur des batteries de mauvaise qualité qui surchauffent ou les dangers de véhicules si silencieux qu’on ne les entend pas venir. Or, la route est aujourd’hui responsable d’un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) – à équivalence avec le système agroalimentaire, dix fois plus que l’aviation, cinq fois plus que l’informatique. Que faire alors pour sortir de là?

Repenser la mobilité

Même si le moteur électrique est trois fois plus efficace que le moteur à explosion, le rail et la mobilité douce sont le sont encore bien plus. Malheureusement, durant le siècle dernier, la plupart des pays ont fortement réduit leur réseau ferroviaire.

Sur tout le continent américain, les services pour passagers sont aujourd’hui des exceptions et les voies pour les marchandises souvent en piètre état. En Europe, des pays comme l’Irlande ou la France ont fermé au fil des ans les trois quarts de leur réseau. C’est surtout en Asie que le rail a bien défendu sa place.

Il y a donc un gros effort d’investissement à faire pour rétablir un réseau d’une densité suffisante. Quant à la mobilité douce, elle dispose de fortes marges de progression pour les courtes distances – à condition d’en assurer la sécurité. Mais, selon où l’on habite et à quels moments on doit se déplacer, on aura toujours besoin de voitures et de camions pour les transports de personnes et de marchandises; on ne pourra donc pas faire l’impasse sur l’électrification du trafic routier, même redimensionné.

Les solutions existent

Très présents dans les controverses: les métaux employés pour les véhicules électriques, alors que pour nos smartphones ou nos ordinateurs, cela n’a jamais intéressé grand monde... La réponse se situe sur deux plans. D’une part, faire pression pour que dans les mines les droits du travail définis par l’Organisation internationale du travail (OIT) ainsi que les standards environnementaux soient respectés; la récente directive européenne sur le Devoir de vigilance des entreprises sera ici d’une grande aide. D’autre part, réduire fortement l’extraction minière par l’économie circulaire, les métaux étant parmi les matières se prêtant le mieux – et à faibles coûts énergétiques – au recyclage.

Quant à l’électricité alimentant ces véhicules, si elle est issue de centrales fossiles ou nucléaires, on n’aura certes pas beaucoup avancé. Mais la part des renouvelables – l’hydraulique, le solaire et l’éolien – augmente fortement. Et comme le fossile et le nucléaire ne sont pas illimités, il importe de limiter la puissance des moteurs et de mieux utiliser les voitures par le covoiturage, leur occupation moyenne étant de 1,5 passager... Alors qu’attendons-nous? De continuer à envoyer des gaz à effet de serre dans l’atmosphère? Trop coûteuse la transition? La non-transition le sera bien plus. Certains lieux en bordure des mers sont déjà inhabitables...