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Comment remplacer les revenus tirés des énergies fossiles des Etats producteurs?

La COP29 à Bakou est à un tournant et la finance se doit de mettre en place des engagements concrets.

Susana Muhamad, du Ministère de l’environnement et de la durabilité de Colombie, pose la question: «Comment créer une nouvelle économie pour remplacer les revenus qui seront perdus pour l’Etat?»
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Susana Muhamad, du Ministère de l’environnement et de la durabilité de Colombie, pose la question: «Comment créer une nouvelle économie pour remplacer les revenus qui seront perdus pour l’Etat?»
Olivier Ferrari
Fondateur - Coninco
18 novembre 2024, 9h43
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La réduction de la dépendance aux hydrocarbures est essentielle pour la lutte contre le changement climatique. Elle doit s’accompagner de solutions adaptées aux réalités économiques des pays concernés. Si l’on considère le tableau ci-dessous, ce ne sont pas moins de 930 milliards de dollars de revenus annuels actuels qu’il convient de remplacer, pour les seuls pays référés!

La substitution de ces revenus est une question de survie des Etats producteurs. Dans la mesure où, rien que pour le pétrole, les transports et la production d’électricité et d’énergie représentent le 60% des volumes, ce ne sont pas la pétrochimie, l’industrie pharmaceutique ou encore la cosmétique qui vont être de nouvelles sources de consommation et de revenus des Etats producteurs. Susana Muhamad, du Ministère de l’environnement et de la durabilité de Colombie, pose la question: «Comment créer une nouvelle économie pour remplacer les revenus qui seront perdus pour l’Etat?»

Les pays exportateurs d’hydrocarbures, particulièrement ceux en développement, plaident souvent pour un financement international substantiel. Cela pourrait inclure des fonds de transition, des mécanismes de financement climatique et des investissements dans des infrastructures bas carbone. Certains Etats proposent de se repositionner comme acteurs majeurs des énergies renouvelables (par exemple, l’hydrogène vert ou l’énergie solaire). Cependant, ces transitions nécessitent du temps et des capitaux importants, souvent difficiles à mobiliser rapidement.

Ne pas créer une nouvelle dépendante à la dette

A la COP29 à Bakou, les négociations se concentrent sur l’établissement d’un nouvel objectif financier collectif quantifié (NCQG) pour succéder à l’engagement précédent de 100 milliards de dollars par an, fixé en 2009 et atteint en 2022, 14 ans! L’Inde et des nations africaines, proposent un objectif annuel d’au moins 1000 milliards de dollars pour la période 2025-2030.

La finance responsable doit permettre d’avoir des investisseurs dans des projets de transition énergétique, technologiques, sans aggraver leur endettement. Tiofilusi Tueti, ministre des Finances du Tonga, met en garde contre les «debt-for-climate swaps», qui, selon lui, risquent de perpétuer des cycles d’endettement en maintenant les pays dans une dépendance aux créanciers et compromettre la stabilité financière des Etats concernés. Il convient de favoriser une finance mixte qui pourrait inclure des partenariats publics privés et renforcer des fonds d’investissement spécialisés dans les projets verts et durables.

Comment remplacer les revenus tirés des énergies fossiles des Etats producteurs?

Les secteurs comme les énergies renouvelables, l’agriculture durable et les technologies d’impact sont souvent cités. La finance responsable, en plus d’être un levier d’investissement, devient ainsi un vecteur de transformation économique et sociale, permettant aux Etats de maintenir leurs équilibres financiers tout en réduisant leur empreinte carbone.

Le défi de la durabilité et de l’investissement du secteur privé

Pour que les pays producteurs de pétrole et de gaz puissent envisager un avenir viable, sans hydrocarbures, la finance climatique doit soutenir des projets créant une nouvelle économie. La COP29 est à un tournant et la finance se doit de mettre en place des engagements concrets, et devenir plus responsable, retrouver le long terme, ce qui permettra enfin, après 29 années de négociations, de construire une nouvelle prospérité durable.