La complexité n’est plus une excuse. C’est une réalité incontournable. Les catastrophes climatiques, les tensions géopolitiques et les fractures sociales ne sont pas des obstacles au progrès, mais des opportunités de réinventer, d’innover et de collaborer. La fatigue face à l’ampleur des défis est compréhensible, mais elle ne doit jamais paralyser l’action. Bien au contraire, c’est dans ces moments de turbulences que la collaboration devient cruciale pour bâtir un avenir durable et inclusif.
Des convictions fortes émergent au cœur de ces défis. Soutenues par la science et des avancées concrètes, elles montrent que la crise climatique redéfinit nos priorités économiques et que des solutions existent déjà pour accélérer la transition. Ces réalités doivent guider nos actions collectives, même lorsque les pressions à court terme cherchent à nous détourner. Garder le cap, malgré les vents contraires, reste essentiel.
De grandes transitions non linéaires
Les grandes transitions, qu’elles soient industrielles ou sociales, ne sont jamais linéaires. La complexité est une réalité à intégrer, reflétant les interdépendances du monde réel. Climat, biodiversité, santé et finances sont liés: 55% du PIB mondial dépend directement des services écosystémiques de la nature. Sa préservation est essentielle, non seulement pour le bien-être collectif, mais aussi pour la prospérité économique. Il n’est pas question uniquement de conformité réglementaire, mais d'une chance unique de redéfinir nos modèles et stratégies économiques à l’échelle mondiale.
L’urgence est là. Les défis sont immenses, mais les opportunités le sont aussi. En Suisse, 12,9 milliards de francs devront être investis chaque année d’ici à 2050, soit 2% du PIB. Selon certaines études, à l’échelle mondiale, l’effort s’élève à 125.000 milliards de dollars, soit 4% du PIB global.
Ces montants ne sont pas des coûts, mais des investissements dans un avenir résilient, capable de générer croissance, emplois et stabilité.
La finance a un rôle clé à jouer dans cette transformation. Elle doit devenir un levier de la transition, un catalyseur d’actions concrètes. Les progrès spectaculaires réalisés dans les énergies renouvelables, grâce à une adoption massive et une chute des coûts, montrent ce qui est possible lorsque innovation et financement convergent. Ces transformations ne sont pas seulement souhaitables, elles sont réalisables.
Certes, les taxonomies divergentes, les critiques de greenwashing et les incohérences réglementaires peuvent être perçues comme des obstacles. Mais ces défis sont aussi les signes d’un système en mouvement, qui s’adapte et évolue.
Des questions légitimes
L’initiative populaire récemment lancée en Suisse, soutenue par un large éventail politique, illustre une préoccupation croissante sur le rôle de la finance dans la transition climatique. Si elle soulève des questions légitimes, elle repose aussi sur des perceptions qu’il est crucial de confronter aux faits. Quel que soit notre point de vue sur le texte, elle soulève des enjeux qui méritent un débat constructif entre toutes les parties prenantes.
C’est précisément dans ce contexte que Building Bridges s’affirme comme une plateforme nécessaire. Depuis cinq ans, ce mouvement a évolué pour devenir un écosystème où convergent leaders du secteur privé et du secteur financier, gouvernements, société civile et experts académiques. A Genève, du 9 au 12 décembre, la cinquième édition mettra en lumière des thèmes cruciaux: la valorisation de la nature au-delà du climat; la finance de transition en action; et l’intégration des impacts sociaux dans les portefeuilles d’investissement.
Avec des participants de plus de 110 pays, Building Bridges 2024 réunira une diversité inédite de perspectives, incarnant la richesse des solutions locales et globales. Sous le toit du CICG, un sommet de haut niveau et plus de 70 événements animés par 120 co-organisateurs, mettront en lumière les transformations systémiques nécessaires pour repenser le système financier. Des activistes comme Xiye Bastida et Elisabeth Stern côtoieront des leaders de l’impact tels que David Blood et des délégations internationales.
Une plateforme pour agir
La Suisse, grâce à sa neutralité, son cadre stable et son rôle en finance durable, est idéalement positionnée pour jouer un rôle moteur. Genève, centre financier et diplomatique, offre un cadre unique pour ces discussions. Dans un monde polarisé, ces atouts font de notre pays un pivot essentiel pour catalyser les transformations à venir.
Building Bridges 2024 ne sera pas seulement un lieu de discussion. Ce sera une plateforme pour agir et pour imaginer des solutions audacieuses. Une vérité demeure: aucune nation, aucun secteur, aucune organisation ne peut relever ces défis seule. Le cap à garder est clair: embrasser la complexité, agir avec détermination et collaborer sans relâche pour bâtir un avenir durable.