«I get by with a little help from friends», chantaient les Beatles à propos de quelqu’un qui manquait d’un peu d’assurance. Et nos banques semblent elles aussi avoir besoin d’un peu d’aide. Leur ambition autoproclamée était élevée lorsqu’elles ont annoncé il y a quatre ans vouloir devenir leader international de la finance durable. Cette ambition n’est manifestement pas très convaincante, malheureusement.
La position défensive de l’Association suisse des banquiers, l’organisation faîtière du secteur, est aujourd’hui claire: leur tâche consiste uniquement à expliquer à leur clientèle l’impact climatique des produits financiers. On peut en déduire que les banques ne peuvent pas assumer la responsabilité d’atteindre l’objectif climatique.
Si l’on laisse la responsabilité à la clientèle, les objectifs climatiques annoncés ne peuvent évidemment pas être atteints
Gerhard Andrey
Si l’on laisse la responsabilité à la clientèle, les objectifs climatiques annoncés ne peuvent évidemment pas être atteints. Mais cette attitude est aussi une invitation indirecte à la politique: le souverain doit garantir la clarté. C’est pour cette raison que l’initiative sur la place financière a été lancée fin novembre. Un large comité interpartis composé de politiciens nationaux issus du PLR, du centre, du PEV, des Verts et du PS ainsi que des associations environnementales soutiennent le projet de mettre la place financière suisse sur la voie du climat et de la biodiversité de manière contraignante mais avec des approches libérales.
Abandon des investissements dans le pétrole et l’extraction du charbon
Aujourd’hui, la place financière suisse est coresponsable, avec ses produits financiers, de 15 à 18 fois l’ensemble des émissions domestiques de la Suisse. Le levier dont nous disposons est donc énorme. Seulement, les banques qui sont assises sur ce levier hésitent à l’actionner volontairement. En d’autres termes, elles renoncent à l’avenir à investir dans la promotion des énergies fossiles ou dans le déboisement de la forêt tropicale, qui contribue à la perte de biodiversité.
Si l’initiative sur la place financière aboutit, il appartiendra aux électeurs de décider comment le secteur financier doit s’orienter à l’avenir. Il ne s’agit rien de moins que de la responsabilité d’un siècle: définir les conditions cadre légales pour des investissements à grande échelle qui, d’une part, ne nuisent pas davantage à notre planète et, d’autre part, assurent la pérennité de la place financière suisse.
Cela permettrait enfin de mettre un terme à la pénible problématique du «greenwashing». Car si la Confédération accorde son label de qualité sur la base de règles contraignantes, cela garantit également une grande crédibilité au niveau international. Nos entreprises financières en profitent à leur tour, car elles peuvent agir dans un environnement sûr et fiable et se concentrer sur ce pour quoi nous avons absolument besoin d’elles en tant que moteur important de la transition énergétique et des ressources.
Avec un peu d’aide amicale, nos institutions financières parviendront elles aussi à prendre davantage d’assurance pour des investissements éthiques et durables, car respectueux de l’environnement.