• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

Assurance maladie et marché immobilier sur les mêmes nuages

Si l’envolée des prix provient de l’explosion d’une demande insatisfaite, que peut-on en conclure? Par Lorenzo Pedrazzini

«La problématique immobilière ne se borne pas aux frontières [...].
Il faut donc les déborder et engager avec nos voisins français, allemands et italiens une négociation de zones franches réinventées.»
KEYSTONE
«La problématique immobilière ne se borne pas aux frontières [...]. Il faut donc les déborder et engager avec nos voisins français, allemands et italiens une négociation de zones franches réinventées.»
Lorenzo Pedrazzini
AMI International (Suisse) - Administrateur
10 octobre 2024, 19h00
Partager

Mettre en parallèle deux industries (assurances et marché immobilier) a priori complètement étrangères l’une à l’autre peut paraître saugrenu. Dans les deux cas, la problématique est compliquée et les outils de décision dramatiquement obscurs. Il s’agit bien sûr ici d’une affaire d’argent.

Les primes maladie ont doublé de manière géographiquement incompréhensible (d’un canton à l’autre) depuis vingt ans, nul ne sait comment elles sont calculées, anticipées, ajustées et, en parallèle les coûts immobiliers (loyers, coûts du foncier, coûts de construction, fiscalité immobilière, prix de marché) ont suivi la même tendance sans explications très probantes. Bref, deux facteurs d’appauvrissement massif sans grande démonstration. Que l’on ne nous parle pas de l’inflation réelle qui n’est jamais démontrée non plus.

Mais dans les deux cas, admettons que l’envolée de prix provienne de l’explosion d’une demande insatisfaite.

Qu’ai-je compris du mécanisme d’auto-inflation des assurances et de ses nuages? Pour en citer quelques ingrédients incendiaires: prix des hospitalisations, des médicaments, des honoraires médicaux, de leurs administrations (publiques et privées), du millefeuille communes/cantons/Confédération, multiplication des thérapies, de l’hyperspécialisation lucrative. Tout cela laisse sceptique.

On a même lu le projet darwinien d’exclusion des 4e, 5e âges du système des assurances. A quand le subventionnement des crématoires (ce qui pourrait être un projet immobilier lucratif)? A quand le loyer plafonné à 10% du revenu?

Le marché immobilier et ses prix interrogent également. Comme évoqué souvent, la protection des locataires ne protège que les logés... et encore. Il n’y a pas de protection des acheteurs ou des nouveaux locataires. Là, c’est le marché. Immigration massive (entre 50.000 et 80.000 arrivants chaque année depuis dix ans), rareté du foncier, envolée des matières premières, folie administrative... Le déséquilibre entre l’offre et la demande fragilise toutes les prévisions. Il est par conséquent très difficile d’anticiper le sens du vent dans... les nuages.

Le problème immobilier est politique surtout. Politique seulement

Lorenzo Pedrazzini

Remèdes ou vaccins: densification (construire sur les toits, c’est hors de prix, exploser les coefficients de construction, c’est toujours très moche), taux d’occupation plafonné, conversion d’usines, de fermes, d’églises ou de bureaux en logements... Du point de vue macroéconomique, ce sont de vieilles bonnes idées, sans plus.

Ces lignes ne font pas avancer le débat. Certes. Pas plus que les bouts de sparadrap évoqués plus haut. Le problème immobilier est politique surtout. Politique seulement. Les zones de surchauffe immobilière sont concentrées autour du lac Léman, de Zurich, de Chiasso et de Bâle. La problématique immobilière ne se borne pas aux frontières qui ne sont que des lignes socialement, économiquement, culturellement théoriques.

Il faut donc les déborder et engager avec nos voisins français, allemands et italiens une négociation de zones franches réinventées. Imaginons Genève jusqu’au Vuache, Bâle jusqu’à Saint-Louis, Chiasso jusqu’à Côme. On doit «exploser le Lebensraum» (la phrase n’est pas de moi). Pacifiquement (là, oui)! Et vite.