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Wall Street culmine, mais l’économie vacille

Sujets à caution, les indicateurs récents mettent en lumière une dégradation de la conjoncture aux Etats-Unis.

A quinze jours de la prochaine réunion du comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed, Jerome Powell devrait réaffirmer sa volonté de faire preuve de patience à l’occasion des deux interventions au Congrès.
Keystone
A quinze jours de la prochaine réunion du comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed, Jerome Powell devrait réaffirmer sa volonté de faire preuve de patience à l’occasion des deux interventions au Congrès.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
05 mars 2024, 18h00
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Alors que le menu de la semaine qui débute s’annonce copieux, l’actualité récente a entraîné une légère détente de la courbe des rendements en dollars, notamment sur les échéances courtes et intermédiaires. Très attendu après les mauvais chiffres d’inflation publiés précédemment, l’indice de prix lié aux dépenses personnelles de consommation au mois de janvier s’est révélé conforme aux prévisions. La progression de 0,4% de l’indice «core», hors énergie et alimentation est certes préoccupante, mais elle succède à deux augmentations modestes de 0,1%. En glissement annuel, le renchérissement a poursuivi son reflux pour s’établir à 2,4% (2,8% hors énergie et alimentation).

Dans l’attente du rapport de l’emploi qui sera publié vendredi, l’augmentation des demandes d’indemnité de chômage observée en février semble traduire un relâchement du marché du travail. Dans le même registre, la dernière enquête de l’ISM met en lumière une réduction des effectifs dans le secteur manufacturier (sous-indice emploi à 45,9 en février après 47,1). Bien orienté jusqu’en janvier, le PMI de l’ISM a cédé 1,3 point en février pour s’établir à 47,8 en raison d’une baisse des entrées de commandes et de la production. La dégradation de la confiance des consommateurs (106,7 en février après 110,9 en janvier) et l’érosion des dépenses de consommation réelles, soit corrigées des effets de l’inflation, invite aussi à réévaluer le dynamisme des Etats-Unis.

Le scénario d’atterrissage en douceur n’est pas encore invalidé, mais les développements récents marquent une rupture au regard des bonnes surprises qui se sont manifestées au second semestre 2023. L’estimation de la croissance du PIB au premier trimestre établie par la Réserve fédérale (Fed) d’Atlanta a fléchi à 2,1% après avoir culminé au-dessus de 4% début février. Ces nouvelles mitigées ne devraient toutefois pas remettre en question la volonté de la Fed d’attendre avant d’adopter un cap monétaire moins restrictif, conformément aux projections de taux d’intérêt dévoilées en décembre. A quinze jours de la prochaine réunion du comité de politique monétaire (FOMC), le président de la Fed Jerome Powell devrait réaffirmer sa volonté de faire preuve de patience à l’occasion des deux interventions au Congrès.

Wall Street culmine, mais l’économie vacille

En Europe, les rendements en euros affichent une légère augmentation. Celui du Bund allemand à 10 ans a brièvement dépassé 2,5% avant de refluer aux environs de 2,4%. L’issue de la réunion du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) qui se tiendra jeudi ne fait aucun doute: le statu quo semble acquis. Le communiqué devrait présenter un caractère neutre et attentiste, même si l’inflation a encore fléchi pour s’établir à 2,6% en glissement annuel. La persistance de l’inflation des prix des services et le déclin du taux de chômage à 6,4% en janvier placent la BCE dans une situation assez confortable.

En Suisse, l’annonce du départ du respecté directeur de la Banque nationale (BNS) Thomas Jordan, en septembre, n’a pas eu d’effet tangible sur le franc ou sur les rendements des emprunts helvétiques. Le reflux de l’inflation à 1,2% en février autorise un changement de cap dans un avenir proche, mais la BNS devrait attendre juin pour éviter un déclin trop prononcé du franc après la correction bienvenue (et partiellement orchestrée par Thomas Jordan) qui s’est manifestée depuis le début de l’année.