Les marchés obligataires ont vécu une semaine tranquille, principalement marquée par le reflux des rendements en euros et en francs suisses. Sur le marché des capitaux en dollars, les rendements sont stationnaires et l’attention s’est portée sur Wall Street où les indices ont atteint des nouveaux sommets. Le rendement du T-Note US à 10 ans a évolué dans une fourchette étroite, à proximité de 3,75%. Les emprunts à 2 et à 30 ans présentent aussi des rendements stables.
La maigre actualité économique aux Etats-Unis ne traduit aucune rupture. L’indice de prix lié aux dépenses personnelles affiche une progression plus modeste que l’indice des prix à la consommation publié une semaine auparavant. La progression annuelle de 2,2% s’établit tout près de la cible de 2,0%. Hors énergie et alimentation, l’inflation annuelle a légèrement accéléré pour s’établir à 2,7%, mais la variation mensuelle de 0,1% complète une séquence conforme aux visées de la Réserve fédérale (Fed) qui a débuté en mai.
Les autres indicateurs transmettent un message confus. La dégradation de la confiance des consommateurs qui ressort de l’enquête du Conference Board est contredite par l’amélioration reflétée par le sondage de l’Université de Michigan. Quoi qu’il en soit, aucune des deux enquêtes ne signale une situation alarmante. En préambule au rapport de l’emploi attendu vendredi, les demandes d’indemnités de chômage s’établissent toujours à un niveau réduit. Les chiffres qui seront publiés en fin de semaine permettront de poser un diagnostic plus précis et pourraient avoir un fort impact sur les marchés financiers au sens le plus large englobant actions, obligations, devises et matières premières.
Plus que l’inflation, qui semble désormais maîtrisée, l’état du marché du travail jouera un rôle déterminant pour définir la trajectoire de la politique monétaire au cours des prochains mois. Assez optimiste, le «consensus» anticipe un taux de chômage inchangé à 4,2% et des créations d’emplois avoisinant 150.000 postes en septembre, ce qui implique des risques tangibles de déception. Les indices publiés par l’ISM regroupant les directeurs d’achats sont aussi susceptibles de provoquer de fortes turbulences. Des symptômes de faiblesse pourraient faire réémerger des risques de récession et inciter la Fed à réduire les taux d’intérêt bien plus rapidement que ne le suggéraient les prévisions dévoilées le 18 septembre.
En Europe, les rendements en euros ont fléchi dans la perspective d’une baisse plus rapide des taux d’intérêt. Les signes de dégradation de la conjoncture plaident pour une baisse accrue des taux d’intérêt à l’occasion des deux dernières réunions du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) en 2024, les 17 octobre et 12 décembre, et durant le premier semestre 2025. En ligne de mire, des taux monétaires proches de 2% l’été prochain paraissent réalistes.
En Suisse, la Banque nationale (BNS) a réduit son taux directeur à 1%. Le communiqué et les prévisions d’inflation préfigurent une quatrième baisse consécutive en décembre. Le départ de Thomas Jordan, son remplacement par Martin Schlegel et l’arrivée de Petra Tschudin au sein du Directoire n’impliquent pas de grand changement dans l’approche de la BNS. L’érosion des rendements à long terme aux environs de 0,4% ne s’apparente pas à une exagération justifiant des prises de profits, mais à une évolution qui pourrait s’accentuer sous l’influence d’une baisse globale des taux d’intérêt.