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Une neutralité assumée par les stratégistes de l’Isag

Dans sa synthèse trimestrielle, l’association genevoise indique que la majorité de ses membres penche pour un scénario de «récession légère».

Des débats animés autour de la vigueur du franc suisse ont mis en lumière deux camps. Le premier estime que la politique de la BNS participe à ce renforcement alors que le deuxième constate que, comme l’or, l’aspect de valeur refuge existe toujours.
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Des débats animés autour de la vigueur du franc suisse ont mis en lumière deux camps. Le premier estime que la politique de la BNS participe à ce renforcement alors que le deuxième constate que, comme l’or, l’aspect de valeur refuge existe toujours.

Les stratégistes de l’Isag* se sont réunis pour leur tour de table trimestriel. En termes de stratégie de portefeuille, la neutralité était le maître-mot. La quasi-totalité des intervenants a augmenté la duration des portefeuilles obligataires (certains pour passer de sous-pondéré à neutre) et a conservé une allocation neutre sur les actions avec un biais Etats-Unis au détriment de l’Europe et surtout de la Chine. Cette dernière n’est plus en odeur de sainteté sauf dans une grande maison qui voit toujours de la valeur dans ce marché.

Une neutralité assumée par les stratégistes de l’Isag

Les questions soulevées ont engendré des débats passionnants. Le scénario de soft landing aux Etats-Unis est-il crédible? L’inflation va-t-elle enfin tendre vers 2%-2,5%? Les banques centrales devraient-elles modifier leur objectif d’inflation à long terme à 2,5%? Pendant combien de temps les Américains peuvent-ils résister avec des taux réels longs à (ou au-dessus) de 2%? L’augmentation de la duration doit-elle privilégier les taux nominaux ou les taux réels? Quelle est l’origine de la force du franc suisse? Où va nous mener une combinaison de politique monétaire restrictive et de politique budgétaire laxiste?

L’Europe n’évitera pas une récession plus franche

La majorité des membres de l’Isag penche pour un scénario de récession légère. Ils ne s’attendent pas à un accident majeur du côté de la croissance américaine et restent donc prudents sur les actions, avec une surpondération des marchés outre-Atlantique au détriment de l’Europe qui n’évitera pas une récession plus franche (nous y sommes sans doute déjà). L’inflation va redescendre vers 2,5%, ce qui pourrait inciter la Réserve fédérale (Fed) à assouplir légèrement sa politique monétaire en 2024.

Au niveau du changement d’objectif d’inflation à long terme des banques centrales, certains estiment que ce serait souhaitable, mais d’autres affirment que c’est hautement improbable puisque l’objectif de 2% a été confirmé comme intangible, notamment par la Fed. Les taux réels longs qui se maintiendraient à 2% voire au-dessus inquiètent les intervenants qui craignent une détérioration de la productivité. Augmenter la duration des portefeuilles obligataires n’a pas été un sujet de controverse. En revanche, si certains investissent en TIPS longs (indexés à l'inflation, donc en taux réels), d’autres privilégient les taux nominaux. Si la récession devait s’avérer plus forte, les emprunts du trésor américain à taux nominaux pourraient surperformer leurs homologues à taux réels. Les TIPS courts (3-5 ans) ainsi que les crédits de bonne qualité sont unanimement privilégiés.

Débats animés sur le franc fort

Des débats animés autour de la vigueur du franc suisse ont mis en lumière deux camps. Le premier estime que c’est la politique de la Banque nationale suisse (BNS) qui participe à ce renforcement alors que le deuxième constate que, comme l’or, l’aspect de valeur refuge existe toujours et que c’est le franc qui maintient sa valeur dans un environnement où toutes les autres devises s’affaiblissent.

Les membres de l’Isag s’accordent sur le constat que les banquiers centraux ont également maintenu un biais «hawkish» compte tenu des largesses budgétaires concédées par certains gouvernements. Les Etats-Unis, qui vont entrer bientôt en période électorale, ne vont sans doute pas prendre le virage de la rigueur tout de suite. Comme le résume l’un des intervenants, «appuyer en même temps sur le frein et sur l’accélérateur n’a jamais donné de bons résultats».

*L’Investment Strategist Association of Geneva (Isag) regroupe les CIO et économistes en chef d’une vingtaine d’établissements financiers basés en Suisse romande. «L’Agefi» publie chaque trimestre leurs vues d’investissement.